lundi 7 septembre 2020

La fièvre

 


Synopsis

Memphis, juillet 1878. En pleine rue, pris d'un mal fulgurant, un homme s'écroule et meurt. Il est la première victime d'une étrange maladie, qui va faire des milliers de morts en quelques jours.

Anne Cook tient la maison close la plus luxueuse de la ville et l'homme qui vient de mourir sortait de son établissement. Keathing dirige le journal local. Raciste, proche du Ku Klux Klan, il découvre la fièvre qui sème la terreur et le chaos dans Memphis. Raphael T. Brown est un ancien esclave, qui se bat depuis des années pour que ses habitants reconnaissent son statut d'homme libre. Quand les premiers pillards débarquent, c'est lui qui, le premier, va prendre les armes et défendre cette ville qui ne voulait pas de lui.

Trois personnages exceptionnels. Trois destins révélés par une même tragédie.

Dans ce roman inspiré d'une histoire vraie, Sébastien Spitzer, prix Stanislas pour Ces rêves qu'on piétine, sonde l'âme humaine aux prises avec des circonstances extraordinaires. Par delà le bien et le mal, il interroge les fondements de la morale et du racisme, dévoilant de surprenants héros autant que d'insoupçonnables lâches.


Dans les rues de Memphis, la grande fête s'annonce. Une partie de la ville va bientôt célébrer le jour de l'Indépendance. Nous sommes le 4 juillet 1878. 

Ce même jour, Emmy va avoir 13 ans. En ce jour de fête où les pétarades commencent, Emmy est impatiente. Impatiente car ce même jour doit arriver son père. Dans ses pensées, le visage d'un homme, un paquet de bonbons dans un sachet papier à la main. Elle se voyait tendre les mains vers le cadeau de son père... C'est la première fois qu'elle verrait enfin à quoi ressemble son père. Billy, toujours plus malin que les autres a trouvé mille et une manigances avait fini par se faire avoir et purgeait une peine au loin. 
Emmy vit à Memphis avec sa mère dans une petite cabane au fond du jardin des James. Sa mère est née esclave et les nouvelles lois font d'elle une femme libre désormais. Mais pour elle, rien ne change et le Klu Klux Klan fait toujours des ravages... Depuis qu'elle sait marcher et se servir de ses mains, elle cuisine pour les James, les blancs de la grande maison. Emmy a le même âge que l'aînée des filles James, mais elle n'a pas le droit de jouer avec elle. 

En ce jour de fête, Emmy a hâte de rencontrer son père. 

Ce même jour, dans la rue principale de Memphis, s'écroule un homme. Un homme tout juste arrivé en ville. Il s'est effondré en pleine rue, nu comme un vers, la langue noire. Il vient de sortir de Mansion House, la maison close de Memphis gérée par Anne Cook, qui a la France dans son coeur. Maison d'exception qui a tout le charme des lupanars de la côte, avec ses divans de soie, ses laques chinois, ses brumes d'opium... Les fêtes qui y sont données sont réputées dans tout le pays. Anne Cook est une sacrée femme et veille sur les 12 filles qu'elle a embauchée pour travailler dans son lupanar. Un jour elle décréta qu'elle ne serait plus jamais pauvre, et aujourd'hui elle vend du rêve, les vieux maris l'estiment et payent.

Keathing, propriétaire et dirigeant du journal local, est déjà sur le qui-vive dans les rues de Memphis pour retranscrire l'animation du jour dans son journal. Une fête qu'il trouve stupide. Keathing et ses amis du Klu Klux Klan ne digère pas les nouvelles lois de Lincoln et des Yankees qui ont proclamé l'affranchissement des esclaves et leur droit de vote. 

La fête est bousculée à cause de cet homme retrouvé mort, la langue noire et pris au préalable d'une grande fièvre. De plus le bateau à vapeur qui vient d'accoster se retrouve avec des passagers ayant les mêmes symptômes que l'homme retrouvé mort en pleine rue. Le bateau est mis en quarantaine, personne n'a le droit d'en descendre. 

Très vite, de nouveaux morts viennent faire leur apparition. 

Le port est fermé, les autorités de La Nouvelle-Orléans annoncent qu'une trentaine de personnes sont mortes après de fortes fièvres. Les lignes de chemin de fer et les routes sont également fermées. La Nouvelle-Orléans vient de se couper du reste du monde. En attendant, tout le coton récolté s'entasse. 

Le médecin ne sait pas comment cette saleté se propage, si c'est par l'air ambiant, par les miasmes, par l'eau bue ou encore par de la nourriture avariée. Personne ne sait ce qui provoque ces morts fulgurantes. Elle ressemble à une fièvre qu'il y a eu 6 ans auparavant...

Les plus rapides se sont hâtés de partir avant que les routes et rails ne soient fermés. On s'entretu même pour pouvoir faire parti de ceux qui quittent la ville. La ville se vide petit à petit. Il ne reste qu'une poignée d'habitants. Ils sont désespérés face à l'ampleur de la contamination mais aussi face au manque de nourriture qui commence à se faire ressentir. L'impensable est là, des pilleurs, tous d'une grande cruauté pour voler vivres et objets utiles. 

Raphaël T Brown, ancien esclave, s'est toujours battu pour qu'enfin on le reconnaisse comme homme libre. Aujourd'hui, face à cette ville prise d'assaut par les pillards, il met en place une milice, des hommes noirs, anciens esclaves, prêts à se battre pour sauver la ville, sauver les commerces.

Trois destins révélés par une tragédie, une fièvre dont on ne savait rien. D'où venait-elle ? De quoi était-elle faite ? Pourquoi était-elle contagieuse ? et surtout comment pouvait-on la combattre. Et au milieu, une jeune fille de 13 ans, Emmy. L'entraide va-elle avoir lieu ? On assistera au pires excès de l'homme, mais également aux moments forts de bienveillance et de courage.
Coup de coeur !!

Quelle lecture ! Une fois commencée, il est très difficile de s'en défaire donc prévoyez du temps devant vous ! On ne voit pas défiler les pages tellement le récit est captivant.

Magistrale histoire, en partie vraie ne l'oublions pas, et magistrale ambiance qui ne vous laissera pas indifférent. On part donc en direction de Memphis, en 1878, où une fièvre va décimer une partie de la ville en très peu de temps. Une histoire inspirée de faits réels et l'auteur nous dévoile ce que l'humain peut être poussé à faire lors d'un événement aussi tragique que celui-ci. Il nous montre les moments de bienveillance mais aussi le pire de l'humain.

Dès les premières pages, dès les premiers instants de lecture vous êtes plongé dans un moment intense qui vous prendra aux tripes. Et vous avez tout de suite le sentiment que ce que vous venez de ressentir ne vous lâchera pas tout au long de la lecture. La première scène plante le décor et on plonge dans l'horreur d'une pendaison d'un homme noir affranchi, pendu par des membres du Klu Klux Klan. 

C'est impressionnant comment Sébastien Spitzer arrive à vous faire vivre l'histoire, vous faire vivre cette fièvre, vous faire vivre l'horreur, mais aussi vous faire vivre à l'inverse des moments de bonté et de solidarité. Il vous fait ressentir le moindre son, la moindre odeur, la moindre sensation et émotion. C'est absolument superbe ce don d'écriture ! Il a ce souci du détail pour vous faire tout ressentir comme si vous étiez acteur de l'histoire et non le lecteur. Je découvre la plume de Sébastien Spitzer, et je n'ai qu'une envie après avoir lu La fièvre, c'est de me plonger à nouveau dans l'un de ses romans pour profiter à nouveau de cette magnifique plume qui arrive à vous faire vivre l'histoire et tant de sensations.

Une histoire poignante, captivante, avec des thématiques très fortes : cette épidémie inconnue, le racisme, mais aussi faire face au manque de vivres, de soins, et tant d'autres encore. Des thèmes qui ne vous laisserons pas indifférents.

L'auteur met en avant trois des personnages de l'histoire et une jeune fille de 13 ans : Anne Cook, la jeune Emmy, Raphaël T Brown, et Keathing. Des personnalités différentes avec un membre actif du Klu Klux Klan qui dirige le journal local, regrettant son Sud d'avant la Guerre de Sécession ; T. Brown, ancien esclave qui se bat pour qu'on le reconnaisse comme homme libre, prêt à se battre pour sauver sa ville et qui va en assurer sa sécurité ; Emmy, cette jeune fille de 13 ans qui attend avec impatience l'arrivée de son père purgeant sa peine loin d'elle , une jeune fille qui vivra de forts moments lors de cette épidémie et qui en découvrira un peu plus sur son père ; et Anne Cook, tenancière d'un bordel où elle embauche 12 filles, une femme de poigne et qui a un coeur immense pour son prochain, on le découvrira au fur et à mesure de la lecture.

Une galerie de personnages très intéressante à suivre, voir leur évolution tout au long de la lecture fût pour moi un immense moment lecture avec beaucoup d'émotions entre de nouvelles amitiés voyant le jour dans cette tragédie, entre de jolis moments d’espérance, de pardons, de bienveillance, dans ces moments forts et violents. Des personnages qui vous marqueront une fois le livre refermé. Beaucoup de soin apporté aux caractères de chacun, à leur évolution aussi.

Le contexte historique est des plus intéressants à suivre, et il a été pour moi totalement passionnant. 

Bien évidemment, cette épidémie de fièvre en 1878, fait réel, nous rapproche du contexte actuel que nous vivons et on en fait le rapprochement.

Je vous en ai parlé un peu plus haut, l'ambiance et l'écriture sont splendides. Vous aurez l'impression d'être là, présent, parmi les décors, avec cette écriture d'un très grand réalisme. La narration est, elle aussi, remarquable, fluide et captivante. 

J'ai donc désormais envie de découvrir les autres romans de Sébastien Spitzer, tellement j'ai été conquise par cette lecture.

Un roman à ne surtout pas manquer !!!!!


Merci aux Editions Albin Michel pour cette lecture

2 commentaires:

  1. Je m'empresse de noter ce roman dont tous les thèmes m'intéressent. Merci.

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  2. Oh j'avoue que pour le coup je ne connaissais pas du tout

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Merci de votre passage sur le blog !