mardi 21 juillet 2020

Victor Kessler n'a pas tout dit






Synopsis


LA VÉRITÉ N'EST JAMAIS LÀ OÙ ON L'ATTEND.



La brume des Vosges cache bien des secrets. Bertille le sait : elle les a fuis. Retranchée à Paris dans une vie solitaire, la jeune femme a enterré ses souvenirs. Jusqu'au jour où sa vie bascule. Quelques pages trouvées dans le cabas d'un vieil homme la réveillent d'un coup : il s'agit d'une confession, écrite par un certain Victor Kessler. Car le 17 novembre 1973, quarante-cinq ans plus tôt, le corps d'un enfant de dix ans a été repêché dans un lac près de Saintes-Fosses. L'instituteur du village est le coupable idéal : Victor Kessler, lui-même.
Fascinée par l'affaire, poussée par Victor, Bertille part en quête de la vérité. Mais, à la recherche des démons du vieil homme, ne finira-t-elle pas par croiser les siens, enfouis dans les forêts vosgiennes ? Et toujours cette même question : parler ou se taire ?



Une rencontre liée au hasard, celle d'un vieux monsieur et de Bertille, une jeune femme travaillant pour des enquêtes en supermarché. Ce vieux monsieur, elle le rencontre lorsqu'elle l'aborde pour répondre à un questionnaire d'enquête un dimanche matin au supermarché. Il fait un malaise et tombe dans les bras de Bertille. Il est vite transporté à l'hôpital, Bertille se retrouve avec le sac de courses du vieux monsieur. A l'intérieur de ce sac, elle va découvrir des pages écrites renfermant une confession. Sa curiosité est attisée par ces pages d'écriture, Bertille passe outre sa sensation de "voyeurisme" et va en entreprendre la lecture. 

Cette confession a été écrite par Victor Kessler qui vient de passer 30 ans en prison. A la lecture des premiers feuillets, Bertille tremble, de peur ou d'excitation elle ne saurait le dire. Ce journal intime, Bertille tenait à le lire jusqu'au bout mais l'homme va bien s'apercevoir qu'elle n'a pas rendu le sac. Mais c'est plus fort qu'elle, Bertille est saisie par la justesse des mots qui résonnent en elle. Elle a l'idée alors d'entreprendre des recherches sur Google, elle tape les mots "procès" et "Saintes-Fosses" et elle comprend alors la portée médiatique de l'affaire qui remonte aux années 1973 et 1974. A ce moment là, Bertille prend la décision qui va être la source de grand bouleversements. Elle est attirée par cette affaire. Certes les faits sont prescrits, juridiquement, mais moralement rien n'est jamais terminé pour ceux qui gravitent autour d'un meurtre. Les pages lui permettent de s'immiscer dans une enquête criminelle. A l'issue d'un procès qui avait secoué l'est de la France, un homme avait été condamné à la réclusion à perpétuité, échappant de peu à la peine de mort. 

Tout avait débuté le 17 novembre 1973 où ce jour-là le corps d'un enfant de 10 ans avait été repêché, flottant à la surface d'un plan d'eau. L'affaire du lac comme les journalistes nommait l'affaire en ces temps, jouant avec le patronyme du jeune noyé : Simon Dulac.

A l'époque, Victor Kessler était jeune instituteur démarrant à Saintes-Fosses, son village natal. Un instituteur apprécié de tous, et des élèves et des habitants de Saintes-Fosses. Mais il se trouve que l'instituteur du village est le coupable nommé par tous, le jour où le corps du petit garçon est retrouvé noyé : et par les élèves de sa classe qui un à un sont interrogés par la police, et par les habitants de Saintes-Fosses qui donnent eux aussi des témoignages, et par l'enquête de police et autopsie qui désigneront eux aussi Victor Kessler comme coupable. 

30 ans après, Victor Kessler a purgé sa peine et vit tranquillement à Paris. Mais cette rencontre fortuite avec Bertille va le transporter 30 ans en arrière, à Saintes-Fosses dans les Vosges. Bertille est enfin rentrée en contact avec Victor Kessler, elle a rapporté les feuillets qu'elle lui avait subtilisés et elle veut connaître la suite. Et puis elle a dit au vieux monsieur qu'elle voulait appréhender son histoire. Est-ce qu'elle était anormale ? Sans doute. Sa vie était une succession de secrets et de mensonges, de non-dits, de mensonges. Et de questions. C'était peut-être pour cette raison qu'elle se sentait attirée par le vieil homme. Elle avait envie de le comprendre. 

Bertille décide de partir dans les Vosges à Saintes-Fosses. Elle avait envie de comprendre, elle avait lu dans les yeux du vieil homme de la confiance et de la tranquillité. Deux sentiments qu'elle ne connaissait pas et qu'elle ne s'attendait pas à découvrir chez un homme qui avait purgé 30 ans de prison pour un meurtre. La peine de mort avait été requise par l'accusation, seul le doute des jurés avait permis à Victor Kessler d'y échapper. Un doute qui n'avait pas empêché qu'on le condamne à perpétuité. Pourquoi ? Soit il était coupable, soit il était innocent ; dans un cas, la peine de mort, dans l'autre, l'acquittement. Bertille était donc pleine d'interrogations face à cette histoire de meurtre, qui n'auraient pas dû la concerner d'ailleurs, mais elle ressentait le besoin d'y répondre. Comme si les réponses apportées aujourd'hui pouvaient racheter toutes celles qu'elle n'avait pas cherchées, dans sa propre histoire...

Bertille affronte donc les brumes vosgiennes, celles qui l'ont vue grandir car c'est dans cette région qu'elle a grandi et c'est cette même région qu'elle a quitté sans prévenir personne pour venir à Paris. La jeune Bertille va elle aussi replonger dans ses souvenirs et va devoir affronter ce qu'elle a fui depuis longtemps. 

Victor et Bertille ont passé un accord, il complète le reste de son journal intime et de ses confessions et Bertille part dans les Vosges pour mener son enquête à Saintes-Fosses mais à la seule condition qu'elle écrive à Victor un journal chaque jour sur l'évolution de ses recherches. Il aurait un peu l'impression comme ça d'être revenu dans les Vosges lui aussi. 

Victor Kessler n'a pas tout dit, mais  ce petit village de Saintes-Fosses non plus. 
Victor Kessler aura peut-être alors l'occasion de rédiger enfin la conclusion de son journal intime, c'est peut-être l'occasion qu'il attendait depuis plus de trente ans...

Coup de coeur pour cette troublante quête de vérité !

Dès les première pages, j'ai senti que j'avais entre les mains un joli bijou de lecture. Maintenant il m'est bien difficile d'en écrire une chronique car j'ai peur d'en dire trop sur l'histoire... Il faut se plonger dans le roman sans en connaître davantage pour en apprécier toute sa beauté.

J'ai trouvé ce roman très fort, puissant même je dirais. Une quête de vérité haletante, et même plus encore. On découvre une jeune femme atypique, fragile, que l'on apprendra à connaître au fil des pages grâce aux confessions qu'elle aussi osera enfin révéler. Des confessions abordant sa jeunesse. Malgré cette fragilité, on la voit également courageuse. Courageuse de se replonger dans son passé vosgien qui l'a tant fragilisée, elle va devoir elle aussi se confronter à son passé et à ses secrets jamais révélés.

Et on découvre un vieil homme qui a purgé une peine de prison pour meurtre. Trente années, enfermé avec ses secrets. On sent que l'homme n'est pas prêt à vivre une nouvelle confrontation avec son passé mais en même temps l'arrivée de Bertille et son envie d'entreprendre son enquête est peut-être ce qu'il attendait au fond de lui pour rédiger enfin la conclusion de son histoire après plus de trente ans. 

J'ai beaucoup aimé le déroulement de l'intrigue, extrêmement addictive, du fait notamment que Cathy Bonidan fait parler chaque personnage concerné par l'affaire. Libre parole, sans jugement aucun, et c'est tellement appréciable pour le lecteur... Des non-dits, des secrets bien gardés, des rues silencieuses à l'arrivée de Bertille dans ce village vosgien. Puis des souvenirs troubles...des faits, des révélations... Et alors, on verra une certaine culpabilité apparaître sur le visage de certains. Bien entendu, je ne vous dis rien, il peut s'agir de n'importe qui. Tout est plausible, et tout peut-être remis en question à n'importe quel moment... Mais la vérité est-elle bonne à être révélée parfois ?

Une intrigue que j'ai trouvée magistrale du début à la fin. Des confessions au fil des pages, et pour Bertille qui révèle à Victor ses blessures du passé et il sera le seul à les connaître  au jour où elle les écrit ; et pour Victor qui, enfin après 30 années, termine ses confessions sur la mort du petit Simon. 

L'écriture, la narration, sont parfaites. On est transporté du présent au passé dans une grande justesse et un grand soin d'écriture. On passe des années 70, au présent. L'histoire compte alors une narration par le biais de carnets d'écriture, journaux intimes de Victor et de Bertille, écrits au fil des jour passés dans les Vosges lors de l'enquête de Bertille. Chaque journée, chaque journal, révèle alors un fait marquant dans l'affaire ou bien alors un des secrets enfouis de Bertille. Et alors là...Bam !! Vous remettez tout en question, tout ce que vous pensiez comprendre ! Cathy Bonidan nous entraîne alors vers d'autres vérités. Le suspense est incroyable et vous ne pouvez plus décrocher de votre lecture. 

Hormis cette intrigue puissante, on est happé également par ces brumes vosgiennes. On le sent, on le sait, elles détiennent des vérités pas forcément bonnes à révéler. On découvre ce petit village vosgien, et on le découvre sous deux facettes : petit village des années 70 vs petit village actuel. Tout le monde se connaît dans ce petit village de campagne. Cathy Bonidan met en avant nos souvenirs, lorsque nous étions enfant, lorsque l'instituteur ou l'institutrice du village faisait figure d'autorité, respecté de tous. On note que Cathy Bonidan exerce le métier d'institutrice à Vannes et qu'à lire ses mots, on ressent ses convictions, et ça ne laisse pas indifférent. 

Les mots de Cathy Bonidan vous apportent beaucoup d'émotions à la lecture de cette intrigue plus que touchante sur bien des points ; Cathy Bonidan aborde des faits de société durs émotionnellement parlant (que je ne peux révéler). On tourne les pages avec addiction jusqu'au dénouement final, en passant par ce suspense implacable, à l'émotion forte que l'on vit à chaque blessure, chaque révélation. Une intrigue palpitante jusqu'à la dernière page.

L'auteure fait également référence dans ce roman aux faits marquants de l'époque, années 70/80, ces meurtres d'enfants non résolus, notamment celui du petit Grégory. Une référence ancrée dans nos mémoires, notamment pour les personnes de ma génération. 

Est mis en avant aussi, les méthodes d'investigation de l'époque (années 70) qui bien entendu n'étaient pas les mêmes qu'actuellement et beaucoup moins abouties. Il y a alors toute une réflexion à ce sujet.

Difficile de vous retranscrire toute la beauté de ce roman, hormis l'intrigue palpitante on retrouve également des questionnements sur la condition humaine. Mais aussi sur la vérité, le mensonge. Il faut en dire le moins possible sur ce roman, en connaître le moins possible pour l'apprécier et se laisser happer par toute sa splendeur et sa grande justesse.

Vous l'aurez compris, un immense coup de coeur pour ma part. J'ai, depuis, très envie de découvrir les autres romans de Cathy Bonidan et je ne peux que vous conseiller de découvrir ce roman palpitant et découvrir les confessions de Victor Kessler mais aussi celles de Bertille, jeune femme fragile mais pleine de courage. 




Merci aux Edtions de La Martinière pour cette lecture.


lundi 13 juillet 2020

Lune de Tasmanie






Synospis


– C'est magnifique, souffla Kathryn. Qu'éprouves-tu à retrouver ta terre natale au bout de toutes ces années ?

Des larmes piquèrent à nouveau les yeux de la sexagénaire, qui resserra son châle autour de ses épaules.


– Je ne sais pas si je dois rire ou pleurer, avoua-t-elle à sa petite-fille. Du bateau, j'ai déja constaté tellement de changements que j'en viens presque à craindre ce que je vais découvrir une fois que nous aurons accosté à MacInnes Bay.


1905. À la mort de son mari, Christy décide, à bientôt 65 ans, de se rendre en pèlerinage sur l'île de Skye, en Écosse, terre rude où elle a passé les quinze premières années de sa vie. Avant que ses parents ne soient contraints à l'exil et s'installent en Tasmanie, au sud de l'Australie.

Accompagnée de sa fille Anne et de sa petite-fille Kathryn, Christy embarque pour un long voyage vers le passé, où de douloureux souvenirs referont surface. Un retour aux sources qui bouleversera à jamais la vie des siens...

Avec cette saga mettant en scène une femme courageuse, Tamara McKinley signe un roman dans la lignée de ses grands succès, sans doute l'un de ses plus personnels.
L'année 1904 touche à sa fin, Christy bientôt 65 ans vient de perdre son mari il y a 2 semaines. 

Les réunions de famille se raréfient depuis que les enfants étaient dispersés aux quatre coins de l'Australie dans les domaines familiaux, ils sont tous venus pour un dernier adieu à leur père. A la dernière réunion de famille organisée avant le départ des enfants, ses fils Hamish et Jamessa fille Anne et son beau-fils Harold ainsi que leur fille Kathryn, Christy lâche une grande nouvelle. Elle annonce qu'elle souhaite entreprendre une longue traversée depuis la Tasmanie pour retourner sur ses terres d'origine en Ecosse, sur l’île de Skye. 

Un caprice tout au plus, aux yeux de ses enfants ! Son aînée, Anne, ne comprend pas sa mère et lui fait savoir qu'il est impossible pour une femme de son âge d'entreprendre un tel périple. Elle lui interdit ce périple. Personne ne comprend Anne et son souhait de voir une dernière fois sa terre natale, celle qu'elle n'a pas revue depuis sa jeunesse lorsqu’elle l'a quittée pour rejoindre l'Australie... Seule, sa petite-fille Kathryn la comprend et se propose même de l'accompagner. Kathryn a 18 ans et va bientôt entrer à l'Université de Sydney mais cela pas avant plusieurs mois et faire un tel périple pour elle serait une aubaine. Anne se voit donc contrainte de suivre sa fille, et sa mère, forcée également par son mari Harold qui approuve lui aussi ce voyage. 

Christy attend depuis si longtemps ses retrouvailles avec l’île de Skye... 

Entre Christy et sa fille Anne s'est creusé un grand fossé depuis plusieurs années maintenant. Kathryn d'ailleurs ne comprend pas que sa mère et sa grand-mère ne puissent pas s'entendre. Quelque chose s'était passé, qui avait rompu la belle harmonie d’antan. Kathryn espérait donc que ce long voyage guérirait leurs plaies. Hélas, mère et fille restent fermées comme des huîtres et continuent de s'envoyer des pics. L'adolescente espère découvrir les raisons de leur animosité. 

A l'arrivée sur l'Ile de Skye, Christy a les larmes aux yeux de revoir ses terres natales. Elle frissonne non de froid mais à cause des souvenirs qui la hantent depuis bien longtemps maintenant, des voix que le vent semblait porter jusqu'à elle. 

Ce que Kathryn et Anne n'ont pas encore réalisé, c'est qu'elles vont découvrir le passé de Christy et les deux femmes ne pensaient pas que celui-ci serait aussi sombre. En accompagnant leur mère et grand-mère sur l’île de Skye, elles vont découvrir les souvenirs doux-amers gardés enfouis jusque là par Christy. Des souvenirs vifs pour Christy, comme si elle revivait les années passées sur ces rudes terres écossaises jusqu'à ses 15 ans. 

Des souvenirs dévoilés qui changeront la vie de ces trois femmes.

A l'heure où les trois femmes découvrent les terres rudes d'Ecosse ; en Tasmanie, Harold, beau-fils de Christy, reçoit un étrange paquet envoyé par une inconnue révélant un lourd secret de famille qui pourrait tous les ruiner. 

Magnifique saga familiale.

Ce roman est à la fois roman historique et roman de fiction avec une superbe saga familiale. Un roman qui raconte à la fois le passé déchirant d'une jeune femme et tout ce qu'elle a dû traverser sur des terres rudes en Ecosse lorsqu'elle n'était qu'une adolescente. Et un roman qui vient croiser la fiction aux faits historiques que je ne vous dévoilerai pas ici puisque parties intégrantes du roman. Rappelons que l'histoire se déroule en 1905, et que Christy, femme de 65 ans, raconte ses souvenirs d'adolescente. Nous voguons donc entre le XIXe et début XXe siècle. 

Un roman qui mêle plusieurs énigmes, ce qui apporte beaucoup de suspense à la lecture et ce qui rend le roman fortement addictif. Tamara McKinley sait vraiment captiver le lecteur notamment avec cette saga familiale magnifique et émouvante, mais aussi grâce aux énigmes qui viendront pimenter la lecture, ainsi qu'à la construction du roman et à sa narration. 

Une narration parfaite pour faire augmenter le côté addictif de la lecture puisqu'à chaque étape parcourue dans le voyage de Christy, d'Anne et de Kathryn sur les terres écossaises, Christy prend le temps de raconter à sa fille et petite-fille son adolescence révèlant  ainsi ses secrets bien cachés sur sa famille et sur son vécu. On comprend alors l'essentialité de la transmission des souvenirs de nos anciens car ils font partie intégrante de notre passé. Un vécu difficile avec beaucoup de drames. Ces moments de vie racontés par Christy nous plongent alors dans sa vie d'adolescente sur l'Ile de Skye et le roman rime alors entre passé et présent. Ce mode de narration apporte beaucoup d'émotions à la lecture et révèle des secrets décisifs à chaque fin de ces moments racontés par Christy. Le lecteur n'a qu'une hâte, celle de poursuivre l'aventure des trois femmes pour en savoir plus et pour découvrir le passé de Christy puisque toute l'intrigue de ce roman repose sur le passé de Christy. 

On découvre alors que cette femme de 65 ans a vécu une vie faite de drames, et l'on comprend que l'adolescente qu'elle a été fût déjà une jeune femme forte et résiliente, la menant vers sa vie future qu'elle a bâtie et construit de ses propres mains.  Une femme qui bien sûr a fait des erreurs et qui n'a pas forcément choisi les bons chemins, mais cette jeune femme ne pouvait compter que sur elle et il est bien difficile de faire des choix cruciaux lorsque l'on est adolescente ou jeune femme. Cette vie, ce passé bouleversant, l'ont forgée et cela a fait d'elle cette femme forte et bienveillante actuelle. 

J'ai beaucoup aimé les relations familiales de ce roman, que ce soit au niveau des relations mère/fille entre Christy et Anne basées sur un secret que l'on ne découvrira qu'au moment du dénouement. Bien sûr, on a hâte de savoir ce qui se cache entre ces deux femmes et comprendre pourquoi Anne en veut tellement à sa mère. 
Au niveau des relations mère/grand-mère entre Christy et Kathryn, j'ai trouvé ça très intéressant également car Kathryn est une jeune femme bienveillante envers sa grand-mère, elle ne veut pas non plus continuer à voir s'aiguiser sa mère et sa grand-mère et cherche l'apaisement entre elles. Elle n'a que 18 ans, elle s'intéresse à tout, et pour elle ce voyage n'est qu'une chance merveilleuse de découvrir le monde. On apprécie de voir les images à travers ses yeux de jeune femme du début du XXe siècle. 
Et j'ai aimé également cet aspect sur les relations mère/fille entre Anne et Kathryn, car Anne a un caractère particulier, un brin ancien et assez guindé que sa fille Kathryn ne manque pas de lui faire remarquer. C'est assez cocasse d'ailleurs. 

On retrouve un soupçon d'humour tout au long du roman avec ces scènes cocasses souvent dues aux "manières" d'Anne qui se retrouve sur des terres écossaises plutôt agricoles et les situations dans lesquelles elle se trouve souvent sont délicieusement drôles. Des scènes également où l'on sourie grâce à Christy qui, lorsqu'elle arrive sur sa terre natale, redevient alors une adolescente (comme lorsqu'elle retire ses chaussures pour ainsi pouvoir marcher dans la tourbe comme lorsqu'elle était enfant). Au grand dam de sa fille Anne qui ne comprend pas les gestes et les libertés de sa mère qui compte 65 printemps. C'est amusant et surtout ça fait du bien de voir cette femme prendre certaines libertés surtout à cette époque, 1905. 

J'ai aimé tous les personnages autant qu'ils sont, chacun a un caractère bien défini et apporte beaucoup à l'histoire. J'ai aimé les personnages rencontrés en Ecosse lors de leur périple, notamment Gregor. Les fils de Christy, le beau-fils de Christy sont intéressants à suivre également.

Comme je vous le disais, dans ce roman plusieurs énigmes liées entre elles et on vogue donc entre l'Ecosse et l'Australie au rythme des chapitres puisque l'on suit également le beau-fils de Christy/mari d'Anne qui vient de recevoir un colis de la part d'une inconnue révélant un secret familial qui pourrait faire tomber la famille entière. On voyage donc énormément au coeur de cette lecture entre des paysages totalement différents.

Des paysages superbement décrits par l'auteure. Tamara McKinley donne vraiment vie aux lieux avec des descriptions magnifiques. On passe alors des terres rudes d'Ecosse aux terres chaudes australiennes.... c'est magistral. Les mêmes parcours que des femmes, des enfants et des hommes ont franchi par la force des choses dans des exils forcés vers des terres australes lointaines ne l'oublions pas. 

L'écriture est superbe. C'est la première fois que je lis un roman de Tamara McKinley et j'ai beaucoup apprécié son écriture et son style. Elle sait tenir en haleine son lectorat grâce à la narration utilisée, et notamment dans le fait qu'elle ne dévoile les lourds secrets qu'aux dernières pages de cette aventure. Elle mêle parfaitement aussi les faits historiques à la fiction, mettant en scène l’île de Skye et son histoire : son isolement, la famine, les vagues d'émigration forcée vers le "Nouveau Monde". D'autres faits historiques concernant l'Australie sont également évoqués mais je ne souhaite pas trop vous en parler pour ne rien vous dévoiler. Il est certain que j'ai hâte de découvrir d'autres romans de cette auteure. 

Un roman bouleversant, une épopée magnifique et forte en émotions entre faits historiques et fictions. 
Une saga familiale captivante, un hymne aux voyages et aux contrées lointaines, à la découverte. 




Merci aux Editions L'Archipel pour cette lecture.

mardi 7 juillet 2020

Detox émotionnelle





Synopsis


" Habib Sadeghi vous permet de vous réinventer vous-même. Je lui serai éternellement reconnaissante. "

Penélope Cruz

Au fil des années, nous laissons nos émotions réprimées et leurs énergies négatives s'accumuler dans notre corps. À la longue, cet engorgement néfaste nous prive de la plupart de nos ressources. Et quand nous sommes restés trop longtemps sourds à tous les signaux de notre corps, la maladie est bien souvent la seule façon pour lui de se faire entendre. Pourquoi attendre la saturation ?

Habib Sadeghi nous propose ici la méthode de détox indispensable pour débarrasser notre corps et notre esprit de toutes les toxines émotionnelles qui l'encombrent, et retrouver ainsi la libre circulation de nos énergies. Vous voulez renouer avec une existence positive et apaisée ? N'hésitez pas, ce livre est pour vous.

Médecin émotionnel des plus grandes stars de Hollywood, d'Anne Hathaway à Emily Blunt, en passant par Stella McCartney, Habib Sadeghi est reconnu dans le monde entier pour son approche sans équivalent du bien-être.

" Habib Sadeghi m'a permis de comprendre parfaitement les liens entre mon corps et mon esprit. J'espère que vous serez nombreux à trouver ainsi comme moi la paix grâce à sa méthode. "
Jessica Chastain




Une lecture intéressante.

La conscience humaine varie d'une personne à l'autre, mais elle est toujours faite de pensées et de sentiments, conscients ou inconscients, qui touchent à tout ce qui constitue notre vie que ce soit dans le travail, les relations sociales, la vision du monde, et l'image de soi. Des émotions positives ou négatives qui nous submergent dans un quotidien de plus en plus stressant et rapide. Le Dr Sadeghi explique que les émotions, le mental, ont un lien avec la maladie.

Le Dr Sadeghi propose un parcours en plusieurs étapes pour détoxifier notre esprit, notre corps, cultiver notre clarté intérieure. Se poser les bonnes questions : "Qu'est ce que mon corps essaie de me dire ? Qu'est-ce qui, dans mon monde émotionnel, peut avoir contribué à l'apparition de ce trouble physique ? Qu'est ce que je pourrais transformer, dans mon corps énergétique ou émotionnel, pour favoriser la réussite du traitement prescrit par mon médecin ?"
La clarté opérant au niveau émotionnel et spirituel, c'est donc avant tout un état d'esprit à adopter, dont les effets se feront sentir dans le corps. Chacun possède une fréquence énergétique unique qui se manifeste différemment dans son corps selon son histoire personnelle, ses relations et son état émotionnel. Le Dr Sadeghi a choisi de traiter simultanément le corps et l'esprit de ses patients par des discussions et des exercices, il aide ses patients à reconnaître et résoudre des problèmes émotionnels qui peuvent parfois remonter à plusieurs décennies. 

Dans ce livre on peut donc retrouver des exercices proposés par le Dr Sadeghi, mais il évoque également des cas rencontrés auprès de ses patients grâce à des témoignages. 

Parmi les exercices proposés, on retrouve certaines détox alimentaires, journées de jeûne, visant à éliminer les "déchets émotionnels". Nettoyer ses émotions pour se débarrasser de la peur, des jugements, de la tristesse, de toutes ces choses qui nous empêchent d'aller de l'avant, qui permet aussi de désencombrer les organes de notre corps affectés par ces colères, rancoeurs... 

Le corps et l'esprit sont liés. Si l'un est encrassé ou mal en point, l'autre sera dans le même état. 

Outre ces détox alimentaires, on retrouve des exercices permettant de se détoxifier émotionnellement. Par exemple, la purge émotionnelle par l'écrit. L'exercice invite à écrire sur papier toutes nos pensées, il permet d'évacuer la négativité à travers un système de traitement des déchets émotionnels. Se décharger, éliminer, lâcher prise et clarifier l'espace intérieur. Prendre une feuille de papier et écrire d'une traite, sans réfléchir, pendant 12 minutes, sans se relire. Simplement laisser le stylo écrire. Ne pas se relire une fois fini, et brûler le papier. A recommencé pendant 5 jours. Un rituel de purification qui a pour objectif de neutraliser l'énergie négative accumulée.

Eviter également que la négativité s'accumule de nouveau. Savoir identifier les émotions que l'on ressent, les traiter à l'instant où on les éprouve, c'est jouir de la clarté émotionnelle.  Identifier les endroits du corps où les émotions se font sentir. Vous connaissez les expressions "J'en ai plein le dos" , "Ça m'est resté en travers de la gorge". Des chercheurs ont noté dans différentes régions du corps une hausse ou une baisse d'énergie selon l'émotion ressentie. S'interroger... les baisses d'énergie ont tendance à s'accompagner de sentiments négatifs.

Le Dr Sadeghi explique aussi qu'atteindre la clarté intérieure ne signifie pas non plus d'être toujours heureux ni de ressentir que des émotions positives. Il montre qu'il est essentiel de ressentir ses émotions et de laisser s'exprimer la douleur suscitée par un événement, quel qu'il soit. Il explique qu'il est important d'accepter les hauts et les bas de la vie. Accepter la souffrance aussi bien que la joie. Mais il met les mots sur ces ressentis, et comment vivre avec au quotidien, toujours à l'aide d'exercices mais aussi de cas qu'il a rencontré auprès de ses patients, de témoignages, ainsi que d'études scientifiques exposées.

Bref, le Dr Sadeghi aide à réfléchir sur son corps, son mental, propose des exercices pour renforcer son moi intérieur, renforcer son esprit et faire le plein d'énergie positive pour que le corps aille mieux. Mais il encourage également à ne pas ignorer nos émotions négatives mais à les exprimer d'une certaine façon qui puisse permettre d'acquérir un renouveau personnel, retrouver l'énergie et se mettre dans un état d'esprit favorable à la guérison. Créer un système de traitement des déchets émotionnels pour éliminer la crasse psycho-spirituelle qui nous empêche d'avancer.

Médecin émotionnel de grandes stars américaines, son livre est un best-seller outre-atlantique et Habib Sadeghi est reconnu dans le monde entier pour son approche sans équivalent du bien-être. 
Son livre m'intéressait donc, et j'ai trouvé cette lecture très intéressante, retrouvant à la fois un manuel pratique avec des exercices, mais aussi de nombreux témoignages de patients. 

Une lecture qui se fait petit à petit, par brides, car très riche en informations. Je n'ai pas mis en place toutes les étapes du manuel, j'ai pris ce dont j'avais besoin et j'ai été plus touchée par certains points que d'autres. Pour ma part, j'utilise déjà certaines idées dans mon quotidien, comme s'exercer à la gratitude, pratiquer la méditation, utiliser le papier pour exprimer ses émotions. 

Le livre regorge d'informations, mais il reste abordable niveau lecture. Habib Sadeghi utilise des mots, des phrases qui parleront à tous. Il nous fait comprendre que l'état émotionnel a un impact sur la santé physique. Et ces mots amènent à réfléchir.

Se sentir mieux pour aller mieux. 








jeudi 2 juillet 2020

Nos résiliences





Synopsis :

"Notre vie avait-elle irrémédiablement basculé ? Ne serait-elle plus jamais comme avant ? Étrange, cette notion d'avant et d'après. Je sentais que nous venions de perdre quelque chose d'essentiel. Aucune projection dans l'avenir. Aucun espoir. Rien. Le vide. Une ombre planait désormais sur notre vie. Et j'avais peur. Mais cette peur, je devais la canaliser, l'étouffer, l'éloigner, je ne pouvais me permettre de me laisser engloutir. "
Un seul instant suffit-il à faire basculer toute une vie ?


Ava est galeriste. Une galerie d'art léguée par son grand-père puis son père qui l'a formée dans ce métier. Elle savait qu'elle avait de la chance d'exercer ce métier et que ce métier, tout comme la galerie, lui ait été légué. Elle avait été terrifiée au début, d'être seule, de réussir à conserver et faire vivre la galerie sans son père. Un père qu'elle admirait. Un homme d'une élégance rare, qui lui a tout appris : trouver des artistes, les faire connaître, faire vivre la galerie, organiser des expositions. L'artiste qu'elle vient de découvrir, Idriss, est d'une grande timidité et malgré son talent plus que prometteur, il est rongé par une angoisse paralysante. Il a un talent fou, Ava croit en lui et cela faisait longtemps qu'un artiste ne l'avait pas autant touchée. La prochaine exposition lui sera consacrée, la préparation du vernissage est bien entamée pour Ava. Il a lieu d'ici quelques jours.

Xavier, est vétérinaire de métier. Il a sa propre clinique vétérinaire, mais il lui arrive également de partir travailler dans un centre de soins animaliers en pleine brousse en Afrique. Chaque année, il libère de son temps pour l'Afrique, pour plusieurs semaines ou mois.

Ava et Xavier se sont rencontrés il y a 15 ans grâce à une petite chatte trouvée par Ava et bien amochée. A leur rencontre, une attirance vraie entre eux, Xavier lui annonçait qu'il partait pour l'Afrique pour un mois. Depuis, ils vivent ensemble, ont deux enfants.

Xavier continue ses vacations en Afrique. Et entre eux, il y a toujours ce même amour et ce même désir. Ava a toujours hâte de ressentir les émotions qui la parcoure lorsqu'elle sait que Xavier doit rentrer d'Afrique. Le manque, la faim de s'appartenir les emportaient dans des nuits d'amour... vient ensuite un temps de réadaptation à la vie familiale, se réapproprier leur monde. Il faut toujours quelques jours à Xavier pour se réintroduire dans leur vie familiale. Elle lui laissait le temps qu'il faut, il était l'amour de sa vie, le père de ses enfants. 

Mais Ava aurait aimé un peu plus de soutien de sa part pourtant, à la venue de son vernissage. Elle voyait à peine Xavier qui passait ses journées à la clinique vétérinaire. Leur quotidien était inhabituel et cela souciait Ava déjà bien inquiète dans la préparation de son vernissage.
Comment s'imaginer alors que ce quotidien, leur quotidien, allait être dévasté ?
Une épreuve inattendue pour toute la famille.
Leur vie avait-elle irrémédiablement basculé ?
Ne serait-elle plus jamais comme avant ?

Coup de coeur !

Chacune de mes lectures des romans d'Agnès Martin-Lugand s'est transformée en une pépite haute gamme. Une auteure qui arrive à chaque fois à me bouleverser. Avec ce roman Nos résiliences, c'est l'apothéose. 

Une histoire d'un grand réalisme, bouleversante. La grande question qui ressort de ce roman est "Est ce qu'un seul instant peut changer une vie ?" Une vie paisible, comblée d'amour entre un couple et leurs deux enfants. Une vie professionnelle qui sourit au couple.... Mais en fin de compte, du jour au lendemain un drame peut faire basculer cet équilibre familial d'un claquement de doigts. Le destin ? 

Face à l'insurmontable, ce roman met en avant la force humaine. Beaucoup de blessures, de douleurs à travers les mots d'Agnès Martin-Lugand, celles que ressentent les personnages, on les vit avec eux. Mais il y a également énormément d'amour. Une intrigue écrite avec beaucoup de soin sur le ressenti de chacun dans un combat face à une épreuve inattendue pour une famille, un couple. L'intrigue tourne alors sur ce travail de reconstruction après un drame. Encore faut-il le vouloir... 

Agnès Martin-Lugand nous offre les ressentis, les failles, les bouleversements, des victimes directes du drame, mais aussi des victimes collatérales. Cet effet de répercussion sur des proches. En suivant les ressentis de chacun, on passe pas un flot d'émotions. Désespoir, incompréhension, exclusion, colère, mutisme, culpabilité, souffrance, férocité, amour, force, combativité. Révélation. 

Révélation de soi, et faire preuve alors de résilience pour surmonter le drame, surmonter ses conséquences. Trouver le chemin de la guérison, retrouver un équilibre. Mais il faut avoir une force extraordinaire en soi pour parcourir ce chemin lorsque l'autre sombre dans l'abîme ! Combattre pour deux absorbe tellement de force, qu'il faut sortir toute la férocité tapie au fond de soi pour ne pas s'arrêter de vivre, pour tenir, pour résister. L'un veut se battre quand l'autre veut souffrir..... Un combat lourd, long, dangereux aussi parfois. Et accepter. Accepter que la vie d'avant ne sera plus. 

Avec ce roman, l'auteure nous offre à nouveau un superbe portrait de femme. Une femme qui part au combat, qui ne baisse pas les bras même si l'envie lui traverse l'esprit parfois... Une femme qui dévoile son acharnement pour ses enfants, pour son mari, pour elle, pour tous les proches de ce drame. Les mots d'Agnès Martin-Lugand sont d'une grande sensibilité pour nous faire ressentir ce que traverse chacun des personnages. Notamment avec ce personnage d'Ava qui porte tant sur ses épaules. On traverse ses peurs, ses doutes, son impuissance, ses désirs, ses envies...

On s'attache énormément aux personnages, tous autant qu'ils sont. On s'attache bien sûr au personnage d'Ava, au personnage de Xavier, mais aussi à leurs deux enfants face à leurs émotions, aux autres membres de la famille, aux amis, aux victimes du drame. Des personnages réels, profondément humains de par leurs émotions traversées. 

Une écriture magnifique, comme pour chacun de ses romans. Tant d'émotions palpables qui s'en dégage. Des mots, des phrases, qui vous prennent aux tripes. Qui rendent les personnages inoubliables. Et une intrigue bouleversante tant et si bien que lorsque vous refermez le livre, vous ressentez un grand manque déjà....  Il m'a d'ailleurs fallu du temps pour me replonger dans une nouvelle lecture, tellement Nos résiliences vibrait encore en moi. 

Cette lecture, vous pourrez l'accompagner d'une play-list. Celle qui a accompagnée l'auteure durant l'écriture du roman. Une play-list qui suit la chronologie du roman, elle accompagne donc le lecteur tout au long du roman. C'est d'une grande originalité, et c'est une expérience très appréciable. 

Vous l'aurez compris, je ressors bouleversée de cette lecture et je souligne à nouveau le talent 
d'Agnès Martin-Lugand pour nous transmettre les émotions de ses personnages. 
Des mots, des émotions qui raisonnent encore dans ma tête...




Merci aux Editions Michel Lafon pour cette lecture.