lundi 27 avril 2020

Coup de foudre à Austenland





















Synopsis


Jane Hayes est une jeune New Yorkaise en apparence tout à fait normale, mais elle a un secret : son obsession pour Mr Darcy, ou plus précisément pour Colin Firth jouant Mr Darcy dans l'adaptation de la BBC d'Orgueil et Préjugés.

Résultat, sa vie amoureuse est proche du néant : aucun homme n'est à la hauteur de la comparaison !
Quand une parente lui laisse un séjour de 3 semaines à Pembrook Park, un manoir anglais où les clientes fortunées vivent dans la peau des héroïnes de Jane Austen, les fantasmes de Jane deviennent un peu trop réels. Cette expérience finira-t-elle par débarrasser la jeune femme de son obsession ? Rencontrera-t-elle son Mr Darcy ? 


Jane Hayes est une jeune trentenaire New-Yorkaise. Elle travaille comme graphiste pour un magazine, un boulot comme les autres qui lui apporte la stabilité, et qui lui donnait une raison de se lever le matin, quelque chose à faire de ses journées. Contrairement à ses relations avec les hommes, elle savait toujours à quoi s'attendre. 

Son obsession secrète : M. Darcy incarné par Colin Firth dans l'adaptation de Pride and Prejudice à la BBC. Elle a même acheté le film en vidéo pour se le passer en boucle chez elle. 
Cette obsession, on peut le dire, ruine totalement sa vie amoureuse. A trop vouloir trouver le M. Darcy/Colin Firth parfait, et bien aucun homme n'arrive à la cheville des attentes de Jane pour que cet homme incarne à la perfection Colin Firth alias M. Darcy de Pride and Prejudice. 

Sa tante Carolyn avait, elle, repérée cette obsession de Jane et notamment la cassette vidéo cachée dans l'appartement de Jane.

Tante Carolyn décéda... Et Jane se voit alors nommée dans le testament. La mère de Jane n'en revient pas que sa fille fasse partie du testament ! 

Jane doit donc se rendre chez le notaire, et durant le trajet elle ne put s'empêcher de se demander ce qu'elle ferait si une grosse somme d'argent lui tombait du ciel. 

Mais voilà, à l'ouverture du testament, Tante Carolyn n'a pas laissé d'argent à Jane. Tante Carolyn était quelque peu fantasque, et son testament l'est donc aussi. Elle a fait des achats pour ses amis et membres de la famille et a légué son argent à des organisations caritatives. 

Pour Jane, elle a organisé des vacances ! Mais pas n'importe quelles vacances !!
Trois semaines dans un manoir vous transportant deux siècles en arrière, en plein coeur de la campagne anglaise. Et pour cela, il faudra revêtir les vêtements d'époque, mais aussi suivre les us et coutumes de l'époque. Tante Carolyn lui a offert trois semaines à Austenland, où tout a été transformé pour que les vacanciers soient transportés dans la peau des personnages de romans de Jane Austen. 

C'est donc parée de robes à taille empire que Jane va devoir passer trois semaines dans un manoir anglais revisité façon Jane Austen. Mais voilà que Jane doit alors vivre au jour le jour avec ses fantasmes "austeniens" et surtout faire face à son obsession de M. Darcy... 
Ce séjour va t-il la convaincre dans ses choix, rencontrera t-elle un M. Darcy ? ou bien ses fantasmes deviendront-ils les pires cauchemars de Jane ? 
That is the question...

Voilà une romance fantaisiste pleine d'humour !

Une romance sur fond original qui apporte beaucoup de fraîcheur avec ce soupçon d'humour en plus. Un roman qui plaira forcément aux fans de Jane Austen, mais pas que, je vous rassure tout de suite. Mais attention, vous aurez ici un roman très moderne et une romance amusante. 

L'histoire est donc originale et j'ai aimé le déroulement qu'elle a pris au fur et à mesure de la lecture. 

On se retrouve plongé dans un manoir anglais, Pembrook Park, avec des serviteurs, des robes empires, des décors d'époque, et où l'on se déplace à pied, à cheval ou en calèche. Le lecteur est donc plongé à la fois dans une lecture moderne mais au décor historique et c'est très bien étudié. 

Le côté humoristique vient, bien entendu, dans le fait que notre héroïne va devoir s'adapter aux us et coutumes de l'époque pour en apprécier pleinement l'expérience. Et elle va donc devoir se plier à certaines règles établies : ne pas parler aux domestiques pendant le dîner, ne pas les regardez dans les yeux, se comporter correctement avec le sexe opposé... surtout que Jane est une jeune femme célibataire et elle ne devra donc jamais être seule avec un homme sans chaperon. Pas de contact physique à l'exception des obligations liées aux bonnes manières. Ne rien dévoiler de sa vie, ici tout le monde détient de faux prénoms et noms comme une mise en scène et il ne faut absolument rien dévoiler de personnel de sa vraie vie. Il y aura bien sûr des bals, et Jane va donc devoir apprendre à danser le menuet et autres contredanses.

Bref, je suis certaine que vous comprenez le chemin que va prendre ce séjour à Pembrook Park pour notre jeune trentenaire New-Yorkaise ultra moderne.... Suivre les règles va être une torture pour Jane. Et croyez-moi la dose d'humour est donc présente. 

Cette lecture se lit comme un chick-lit. L'auteure nous montre également le côté "absurde" de l'époque dans les relations hommes/femmes qui paraît désormais très désuet. Les dialogues sont bons, et la lecture est vraiment facile et fluide. Ce chick-lit regorge de références aux romans de Jane Austen, j'ai trouvé ça assez plaisant d'ailleurs, tout en gardant un côté moderne.

Ce livre a été adapté au cinéma, je n'ai jamais vu le film qui s'intitule "Austenland" mais j'en ai vu de très bonnes critiques donc j'ai désormais très envie de le voir. 

Un chick-lit avec lequel j'ai passé un très bon moment livresque, et se replonger parmi les personnages de Jane Austen est agréable, tout en étant pourtant dans un roman très moderne. 

mercredi 15 avril 2020

Le petit roi du monde























Synopsis

Victor, douze ans, orphelin né sous X, vit chez "Tatie, une femme qui l'élève comme son propre fils. Il mène l'existence d'adolescents de son âge. 
Mais la santé de Tatie est fragile. Alors, quand l'Aide sociale à l'enfance lui trouve des parents adoptifs "sur catalogue", Victor décide de se choisir une "maman" tout seul. Inscrit sur un site de rencontres, il jette son dévolu sur "Lily des lilas". Si cette pâtissière dans un palace n'a pas l'intention d'adopter qui que ce soit, il en faudrait plus pour décourager l'enfant, prêt à tout pour la convaincre...

Victor Adrien Laurent : ces trois prénoms lui avaient été attribués par l'officier d'état civil en charge d'établir l'acte de naissance. Le troisième prénom faisant office de nom de famille. Telle était la disposition légale pour les enfants nés sous X. "Nés sous le secret", comme le stipulait l'administration avec plus de poésie. 

Victor a toujours rêvé d'appartenir à l'histoire d'une famille et se dit souvent : "Quand j'aurai un vrai nom, je serai le roi du monde !"

Victor est un enfant de l'Aide Sociale à l'Enfance, l'ASE. Il a toujours été orphelin, né de mère inconnue, et un père qui n'a jamais voulu prendre contact avec lui hormis par écrit. La seule chose qu'il sait de lui c'est qu'il vit au Canada et qu'il conduisait des camions. Oh, il a souvent pensé à son père mais Victor a pardonné son absence, l'inconséquence dont il avait fait preuve à sa naissance, l'immaturité patente qui l'avait empêché d'assumer sa paternité.

Aujourd'hui, Victor a grandi, il a 12 ans, et vit dans sa famille d'accueil depuis ses quatre ans. Il a été pris en charge par Tatie qui l'a élevé comme ses propres enfants, tout autant que les autres enfants venant de l'ASE. Accueillir chez elle les enfants des autres était une véritable vocation pour Tatie, une seconde nature. Mais Tatie prend de l'âge, ses enfants ont quitté le nid depuis bien longtemps. Et Tatie est atteinte de gros problèmes cardiaques. Comment faire comprendre alors à ce petit garçon de 12 ans qu'elle ne pourra plus s'occuper de lui... 
Il redoutait forcément de la voir faillir car il avait puisé sa force en elle depuis tant d'années, mais Victor espère qu'une filiation avec Tatie soit possible. 

Les services sociaux en décident autrement et décident de lui trouvé des parents adoptifs, des parents sur "catalogue" comme dit Victor. 

Mais Victor en décide autrement, il ne veut pas de parents sur "catalogue". Il veut lui même choisir, et il n'a pas besoin d'un père. Non, Victor ne souhaite qu'une mère. Alors il trouve l'idée de choisir sa mère sur un site de rencontre. Mais pour l'heure, il a besoin de sa bande de copains toujours présents en cas de coups durs pour l'organisation de cette recherche. 

Inscription faite, non sans mal, il se prend d'affection pour le profil de Lily des Lilas. Une pâtissière d'un grand palace parisien. Mais voilà, Victor n'a pas pensé à tout... 

Car oui, Lily des Lilas n'a jamais eu l'intention d'adopter un enfant. Jeune femme célibataire, elle est à la recherche d'un homme... 

Croyez-moi, Victor a plus d'un tour dans son sac et il va avoir besoin d'une autre personne à ses côtés pour parvenir à ses fins. Le temps presse car les services sociaux comptent bien lui présenter sa nouvelle famille. 

Quel beau roman !!

Un sujet qui vous prend aux tripes, celui de l'adoption. Et l'auteur en parle merveilleusement bien tout en réussissant à apporter beaucoup d'humour. Un roman d'une grande douceur, poétique, écrit avec une grande justesse sur ce thème de l'adoption.

J'ai beaucoup aimé l'évolution de l'histoire, rendue douce et poétique, avec un thème de société pourtant fort et émotionnellement parlant, poignant. Ah bien sûr, vous ne ressortez pas indemne de cette lecture car même si l'humour est présent tout au long de la lecture, les émotions restent quant à elles très fortes. 

Une très belle histoire écrite sous forme de comédie. Les thèmes sont profonds. Les sentiments aussi, que ce soit au niveau des sentiments de ce petit garçon qui ne comprend pas pourquoi il n'a pas le droit d'avoir une famille, ni une histoire de famille avec des aïeux. Mais c'est également poignant, du côté de cette femme "Tatie" qui a, toute sa vie durant, accueilli des enfants de l'ASE et qui les a élevés et aimés comme ses propres enfants. L'auteur nous retranscrit donc les émotions que vit cette femme prenant de l'âge et qui a vu grandir ce petit garçon mais qui sait qu'elle ne pourra plus continuer à l'élever. Mais que c'est dur... 
Ce que j'ai donc apprécié, c'est que l'auteur nous offre plusieurs points de vue dans son roman et pas seulement les émotions vécues par ce petit garçon. 

L'auteur nous retranscrit également les émotions vécues par le personnel de l'ASE, des éducateurs qui suivent les enfants depuis leur bas âge et qui sont poignardés également de se voir retrouver en face de certaines situations. 

J'ai trouvé très intéressant d'aborder les points de vue émotifs de chacun. 

On s'attache énormément aux personnages. A tous les personnages de ce roman. Bien entendu, à ce petit Victor prêt à tout pour se trouver une maman. Il est plus qu'attachant, il est toujours plein d'espoir et d'optimisme. Et puis, il y a sa bande de copains qu'on ne peut qu'aimer également. Toujours solidaires en cas de besoin. Ils sont prêts à prendre tous les risques, quitte à se faire réprimander par les parents pour apporter leur aide à Victor. Il y a aussi Momo, le patron du bar où les garçons se retrouvent lors de leurs temps libres. Toujours là aussi pour les aider, ses champions du baby-foot, quitte lui aussi à se faire réprimander par l'éducatrice. Et enfin, "Lily des Lilas" si charmante et humaine elle aussi. 
Tellement de bienveillance qui se dégage de tous les personnages, ça fait du bien.  

J'ai aimé également les décors de l'histoire, en plein coeur de Paris. On se retrouve tantôt dans un grand hôtel parisien, au coeur d'une brigade, à suivre les aléas des services dans un grand palace. Là aussi, c'est intéressant à suivre. Et puis tantôt, on se retrouve dans le quartier de Montmartre et ça vit à plein. 

Et puis, on ressent les bonnes odeurs des babas et autres pâtisseries de "Lily des Lilas". Mon dieu... quelles tentations au cours de la lecture !!! 

La plume est superbe, très poétique et douce comme je vous le disais un peu plus haut. L'auteur a su rendre ce sujet poignant en comédie pour le plus grand plaisir du lecteur. Il sait retranscrire les émotions, les décors, et les bonnes odeurs des pâtisseries. 

Un thème poignant écrit avec beaucoup de justesse, d'émotions et de bienveillance, avec cette touche humoristique réconfortante.

mercredi 8 avril 2020

A l'ouest



Auteur : Olivier Adam

Editeur : Pocket
Collection : Littérature
Roman - Famille - Solitude - Adolescence - Quête - Fuite 
Pages : 140
Parution : novembre 2007












Synopsis

Antoine a presque dix-neuf ans. Fragile, rêveur, indocile, il sèche le lycée, erre dans le centre commercial de son quartier, et ne fait rien de sa vie. Il cherche l'amour - et les coups. 
Camille veille sur son grand frère autant qu'elle le peut, et calme ses angoisses en se réfugiant dans la prière.
Quant à Marie, leur mère, elle fait ce qu'elle peut. Mais c'est elle, qui, un beau matin, déclenche l'explosion et les conduit à l'ouest. Pas le point cardinal, non, mais cet état second où rien n'a plus vraiment d'importance...

Dans la chambre d'Antoine, tout est noir. Les volets sont clos, les rideaux tirés. On ne voit pas le désordre. Les bouteilles, les cendres sur la moquette, les disques éparpillés. Antoine est un ado, lycéen. L'alcool, la cigarette, les joints, sont là pour tenter de lui faire oublier la tristesse de ses journées. Il sèche les cours, il traîne beaucoup, et cherche le plus souvent la baston. Il y a beaucoup de rébellion en lui et il y a une grande demande d'extérioriser cela et bien souvent il le pratique dans la bagarre. Il sombre dans l'errance ou dans ses souvenirs d'enfance et pense souvent à Lorette, à ses vieilles robes à fleurs et à ses dentelles. L'embrasser, rester allongé près d'elle. Il imagine même ce que plus tard pourrait être sa vie avec elle. Il traîne dans sa banlieue à la recherche d'un possible bonheur. 

Camille, sa plus jeune soeur, que l'on a tendance a à peine remarquer. Il est vrai que Camille tente le plus souvent de s'excuser d'exister. Elle prie. Elle ne prie pas pour elle. Elle prie pour sa mère, son frère. Ses camarades. Ceux-là mêmes qui l'ignorent. Elle s'isole beaucoup pour repenser à ces fêtes, en famille ou entre amis, où elle disparaissait pour tout le monde. Se cachait sous une table, derrière des rideaux. Personne ne s'étonnait de son absence. 

Leur mère Marie, quant à elle, tente de vivre et de faire vivre ses deux enfants. La solitude lui pèse et elle lutte tous les jours pour ne pas qu'elle l'avale. Et un jour, pendant que ses enfants son chez leur père, Marie se libère de tout. 

Trois personnes à la dérive...

Je n'ai pas beaucoup côtoyé encore la plume d'Olivier Adam, si ce n'est avec Je vais bien ne t'en fais pas que j'avais adoré. 

Dans ce roman, une ambiance assez pesante, où l'on s'approche de la solitude de 3 membres d'une même famille. Une solitude éprouvée différemment pour l'un et l'autre personnage. Pour tous, par contre, beaucoup de souvenirs amers qui refont surface comme pour se raccrocher à quelque chose. 

Le récit est puissant et les mots d'Olivier Adam nous font bien ressentir la désespérance de chacun. Les 3 membres de cette même famille ont chacun leurs angoisses et leurs problèmes. Ils ne partagent rien et l'on peut penser qu'ils sont en quelque sorte égoïstes. Car oui, ils ne s'intéressent qu'à leurs angoisses propres et ne s'aperçoivent pas de la dérive de leur famille entière. 

J'ai trouvé l'histoire un peu décousue à mon goût, avec des bribes de scènes par ci par là.

J'ai eu également du mal à m'accrocher à l'un ou l'autre personnage. Je n'ai pas ressenti autant d'émotions à travers eux si  ce n'est ce désespoir mais aucun émotion d'attachement pour eux. Peut-être est-ce dû au fait que justement ils sont égoïstes, peut-être aussi que leurs agissements sont déroutants, individualistes. Ils n'ont que peu de considération les uns envers les autres. Et je dois dire que ça m'a dérangée.

Les chapitres changent de narrateur à chaque fois entre les 3 personnages pour ressentir le vécu de chacun.

J'ai aimé par contre les décors maritimes. L'air frais venait soulagé un peu cette ambiance pesante.

Un roman qui ne m'a pas emportée autant que je l'aurai espéré, après avoir adoré Je vais bien ne t'en fais pas.

samedi 4 avril 2020

La Dame de Reykjavik





















Synopsis

Hulda a tout donné à sa carrière. Mais en faisant toujours cavalier seul. Elle a beau être une des meilleures enquêtrices du poste de police de Reykjavik, à soixante-quatre ans, sa direction la pousse vers la sortie.


La perspective de la retraite l'affole. Tout ce temps et cette solitude qui s'offrent à elle, c'est la porte ouverte aux vieux démons et aux secrets tragiques qu'elle refoule depuis toujours. Et ses échappées dans la magnificence des paysages islandais, pour respirer à plein poumons la sauvagerie de son île, ne suffiront plus, cette fois.
Alors, comme une dernière faveur, elle demande à son patron de rouvrir une affaire non résolue. Elle n'a que quinze jours devant elle. Mais l'enquête sur la mort d'Elena, une jeune russe demandeuse d'asile, bâclée par un de ses collègues, va s'avérer bien plus complexe et risquée que prévu. Hulda a-t-elle vraiment pesé tous les risques ?

Accepter son âge était une chose ; accepter la retraite en était une autre. Mais il n'y avait rien à faire : bientôt, bien trop tôt, Hulda toucherait sa pension. Le temps avait passé si vite. Le jour où elle était devenue mère, celui où elle s'était mariée : c'était hier. Pourtant, en faisant le décompte, cela remontait à une éternité. Hulda savait que son métier lui manquerait, en dépit de toutes ces fois où elle s'était plainte de voir ses talents sous-estimés. La vérité, c'est qu'elle était terrifiée à l'idée de se retrouver seule.

Mais voilà que l'approche de la retraite pour notre inspectrice pourrait arriver plus vite encore que prévu car voilà que son chef lui impose de prendre un congé de quelques mois avant d'enchaîner sa retraite. Hulda ne s'attendait pas à cela mais, Magnus, son chef a besoin du bureau d'Hulda pour accueillir son remplaçant... Mais Hulda n'entend pas se faire mettre à la porte comme ça avant l'heure sans avoir son mot à dire ! 

Pour qu'elle débarrasse le plancher, Magnus lui lance l'idée farfelue d'aller voir dans les dossiers archivés si il n'y aurait pas une enquête à rouvrir. Quoi de mieux pour s'occuper l'esprit que de prendre Magnus au mot et d'aller fouiller aux archives dans les dossiers non résolus. Hulda n'eut pas à réfléchir longtemps : une affaire s'imposait à elle. 

Une enquête menée par un de ses collègues. Il s'agissait d'une mort inexpliquée qui, sans l'apparition d'un nouvel indice, avait toutes les chances de le rester. Elle ne s'imaginait pas résoudre l'énigme, surtout en quinze jours, mais ça valait le coup d'essayer. La victime, une femme russe, avait été retrouvée par un sombre matin d'hiver, le corps échoué dans une crique rocheuses d'une contrée faiblement peuplée à trente kilomètres de Reykjavik. Un coin désolé du pays, balayé par les vents. Les champs de lave offraient peu de refuges contre les tempêtes. 

Cet incident remontait à plus d'un an et n'avait pas beaucoup attiré l'attention des médias à l'époque. 

Hulda s'entreprit donc de reprendre l'enquête et au fil de ses découvertes, quelque chose la gênait. Hulda a en effet cette impression tenace que son collègue en charge de l'affaire à l'époque avait été négligent sur bien des points dans l'enquête. Oh, elle n'avait jamais vraiment cru en ses capacités. Il n'était ni consciencieux ni brillant. Il en était venu à une mort accidentelle, un probable suicide et l'affaire était donc close. Mais Hulda, elle, ne tarde pas à découvrir combien son collègue avait bâclé son rapport. Cette enquête lui occupe donc ses journées, et elle ne tarde pas à remonter une piste d'une autre jeune femme disparue...

Mais pendant ce temps là, Magnus crache encore son venin sur Hulda et il ne reste que peu de temps à Hulda pour trouver le fin mot de l'histoire...
Un polar froid et dépaysant !!

Quelle belle découverte avec une héroïne tragique atypique. Une héroïne sur sa fin de carrière en tant qu'enquêtrice, poussée par son chef vers la sortie avant l'heure. 

On s'immisce rapidement dans les décors majestueux de l'Islande, une ambiance froide et plutôt désertique. On se retrouve tantôt dans un décor à la blancheur immaculée et désertique, tantôt dans une atmosphère sauvage noircie par la lave et piquée par les vents glaciaux. Des décors magnifiquement décrits par l'auteur, on ressent très bien toute cette froideur et noirceur tant au niveau de ces paysages sauvages islandais que dans l'énigme à résoudre, mais aussi dans la solitude de l'héroïne. 

Car oui, on ressent en Hulda, notre héroïne proche de la retraite, beaucoup de solitude en elle. Une solitude qui l'a gagnée depuis de nombreuses années maintenant. On le ressent depuis les premières pages de lecture, sans pourtant savoir pourquoi elle est éprise par cette solitude. On ne le découvrira que petit à petit au fil de la lecture. Et pourtant, on sent qu'au fond d'elle elle a envie de sortir de cette solitude. Il y a de la noirceur dans son passé, et là aussi l'auteur nous distillera les informations que progressivement pour maintenir le suspense. 

L'énigme est superbe. Lente, à l'image des polars nordiques. Et pour ma part, j'aime beaucoup. On ressent la détermination de Hulda quant à trouver le fin mot de l'histoire. Une intrigue lente et pourtant elle se déroule sur quelques jours seulement. Les rebondissements viennent petit à petit pour nous mettre sur des possibles voies mais l'auteur arrive à nous surprendre avec brio. 

Nous avons une chronologie multiple, entre une chronologie actuelle au moment du déroulement de l'enquête et d'autres chronologies que je ne peux malheureusement pas vous dévoiler ici de peur de vous spoiler une partie de l'histoire. Ce choix de chronologies multiples est judicieux, apporte beaucoup de rythme aussi je trouve, et apporte bien entendu des résolutions à l'énigme petit à petit tout en maintenant le suspense. Beaucoup de rythme aussi à la lecture avec des chapitres très courts. Et du fait de cette alternance de chronologie, le rythme est donc bien présent. Ne vous inquiétez pas, cette alternance de chronologie ne vous perdra absolument pas, au contraire elle vous apportera beaucoup de compréhension à l'histoire. 

L'auteur aborde également différents thèmes comme bien sûr le départ en retraite. Il nous fait suivre les pensées d'Hulda, ce qui l'affecte dans ce départ en retraite d'autant plus qu'on lui demande de partir avant l'heure. Au niveau social et psychologique, j'ai trouvé ça très intéressant. L'auteur aborde également le fait que dans ces contrées sauvages d'Islande, notre enquêtrice a toujours été mise un peu de côté par ses collègues masculins au sein du poste de police... un thème plusieurs fois émis dans l'histoire par le biais de l'héroïne qui ne cache pas ce fait auprès de son supérieur. Un autre thème abordé est la demande d'asile en Islande, je ne connaissais pas forcément ce point.

Je découvre la plume de Ragnar Jonasson, et j'ai aimé cette écriture. Il nous fait ressentir beaucoup de choses à travers ses mots, tant au niveau du suspense, que sur les paysages sauvages de l'Islande, que sur des thèmes sociaux forts. Il sait maintenir parfaitement le suspense dès les premiers instants de lecture et cela jusqu'à la dernière ligne du roman, c'est prodigieux. Un final brillant et inattendu !! mais en fait, c'est le meilleur choix je trouve !! 

Il s'agit là du 1er tome d'une trilogie et j'ai hâte de parcourir à nouveau les étendues sauvages d'Islande. 

Conquise par cette atypique inspectrice qui se jette à corps perdu dans une enquête classée.





Merci aux Editions de La Martinière pour cette lecture