Auteur
: Thomas Gunzig
Editeur : Au Diable Vauvert
Collection
: Littérature générale
Romans
- Rentrée littéraire - Littérature belge - Satire sociale - Misère
sociale - Monde littéraire - Rentrée littéraire 2019
Pages : 398
Pages : 398
Parution : 22 Août 2019
Synopsis :
"Ce qu’on va faire, c’est un braquage. Mais un braquage sans violence, sans arme, sans otage et sans victime. Un braquage tellement adroit que personne ne se rendra compte qu’il y a eu un braquage et si personne ne se rend compte qu’il y a eu un braquage, c’est parce qu’on ne va rien voler. On ne va rien voler, mais on aura quand même pris quelque chose qui ne nous appartenait pas, quelque chose qui va changer notre vie une bonne fois pour toutes." Quel est le rapport entre un écrivain sans gloire, le rapt d’enfant et l’économie de la chaussure ?
Il y a Alice, mère célibataire,
vendeuse en chaussures depuis près de trente ans. Mais les petits
marchands de chaussures, à l'heure actuelle, ne font plus autant
recette. Alors Alice connaît à 45 ans le chômage et les petits
boulots à accomplir pour ne pas perdre ses droits... Un salaire
oscillant entre 800 et 1000 Euros par mois, avec lequel il est bien difficile de
survivre et d'élever correctement son fils de 7 ans.
Depuis ses 8 ans, Alice comprit de la
manière la plus simple et naïve qu'avoir de l'argent était
définitivement mieux que de ne pas en avoir. Élevée dans une
famille n'ayant pas beaucoup d'argent, Alice a toujours connu les
fins de mois difficiles.
Pour son fils Achille, Alice s'est
ancré en tête qu'elle ferait tout pour lui, qu'elle voulait que sa
vie soit aussi merveilleuse que possible. Elle voulait qu'il soit
heureux. Elle voulait pour lui une enfance insouciante, qui serait
toujours comme une fête, une enfance à l'abri des épreuves, de
l'argent qui manque. Tout ce qu'elle n'a pas eu, car Alice a toujours
été, depuis enfant, « tout juste ». Oui, elle
s'en voulait de ne pas être plus riche pour Achille. Alors Alice
multiplie les intérims, mais aussi les vols dans les magasins pour nourrir son
fils. Et malgré cela, l'argent qui avait toujours été une
préoccupation devint pour Alice une obsession, et la vie un calcul permanent...
Et puis il y a Tom, écrivain. Depuis
son adolescence, il écrit. Adolescent emporté par des tsunamis de
rage, de tristesse, d'amertume. C'est à ce moment là qu'il décida
d'écrire, pour que les filles fassent attention à lui. Adolescent,
il se voyait déjà célèbre. Et quand il serait célèbre, les
filles se ficheraient de son physique ingrat. Depuis, il a donc choisi d'écrire. Ses
romans sont publiés en petits nombres, toujours chez le même
éditeur. Et tout comme des écrivains ultra médiatisés qu'il a
déjà croisés ici et là, lui aussi a passé des heures
interminables à creuser le sillon de l'écriture, à choisir avec
soin les tournures de phrases adéquates, à élaborer des
personnages, des intrigues... A présent, Tom a près de 50 ans, et
la notoriété n'est pas celle qu'il aurait souhaité et ses droits
d'auteur ne lui permettent pas de vivre décemment. Il a
l'impression que le monde a décidé de continuer son chemin sans
lui, et il se sent dépassé par l'arrivée d'internet, des réseaux
sociaux, et puis de ces nouveaux auteurs de 20 ans plein de fougue et d'envie.
Alors le jour où le chemin d'Alice
croise celui de Tom, il se pourrait qu'une idée commune germe dans leurs têtes, une idée qui pourrait leur rapporter de l'argent...celui qui leur manque tant... une idée façon feel-good...
Gros coup de coeur pour ce roman !!!
Un
roman coup de poing qui restera ancré dans ma mémoire tellement
j'ai aimé cette lecture.
Toucher
le fond, les personnages de ce roman connaisse bien et l'auteur,
Thomas Gunzig en parle superbement ! Un roman où humour noir et
fatalisme côtoient rage de vivre et espoir sans faille, et le choix
du titre, Feel-Good, est parfait !
Dès
les premiers instants lecture, on entre dans la peau des personnages,
on ressent l'angoisse, la peur, de manquer d'argent, de ne pas
pouvoir offrir une vie meilleure à son enfant, et tout simplement de
ne plus pouvoir survivre. L'auteur a un style particulier, à lui,
pour nous faire ressentir tant d'émotions qui vous prennent à la
gorge, qui vous font serrer le cœur et les tripes. Mais malgré
cette peur et cette angoisse de ne plus pouvoir y arriver et d'être,
on peut le dire, dans une misère sans fin, on ressent toute la rage de vivre
de nos deux personnages Alice et Tom.
Thomas
Gunzig croque parfaitement le portrait d'une employée lambda, ni
riche ni pauvre, allant vers la cinquantaine, et qui, en perdant son
emploi va alors connaître une misère saisissante.
Oui,
on se met dans la peau du personnage, car cette situation peut
arriver à chacun d'entre nous et on ne reste pas insensible à
cette situation, surtout lorsque l'auteur choisi les mots parfaits.
L'angoisse que peut provoquer le manque d'argent, et surtout ce que
l'on peut être amené à faire pour subvenir à ses besoins et à
celui de ses enfants, l'auteur nous le fait ressentir avec une grande émotion. Serions nous prêt à tout pour vivre lorsque la misère se fait ressentir ?
L'auteur arrive à nous faire poser beaucoup de questions sur la
situation. C'est très intéressant d'autant plus. Garde t-on une morale
dans ce genre de cas ? Y a-t-il des situations que l'on se
refuse à faire pour subvenir aux besoins de son enfant ? C'est
très poignant, sans pour autant être en présence d'une lecture pleine de noirceur et là est toute l'intelligence de l'auteur. Thomas
Gunzig aborde avec beaucoup de justesse le reflet d'une société
présente à chaque instant mais que l'on voudrait cacher et ignorer.
Mais cette misère sociale est bien présente, et on la côtoie quotidiennement alors ne fermons pas les yeux.
Et
puis l'auteur a eu envie également de croiser son roman avec celui
du roman en lui-même. C'est fait avec beaucoup d'intelligence,
d'exactitude. Il décrit un portrait édifiant du monde littéraire
actuel, et c'est fait avec humour et authenticité. Pour cela, il a créé le
personnage de Tom, qui, on le devine, lui ressemble un peu.
Tom,
écrivain ni célèbre, ni inconnu du public, toujours auprès de la
même maison d'édition depuis ses débuts. Un écrivain qui vend tout juste, pour pouvoir finir le mois « tout juste »
aussi. Un écrivain qui prend du temps pour écrire ses livres, qui
prend du temps pour faire le tour des librairies ou des salons
littéraires, qui s'engage pour des invitations ça et là... mais
qui reste « tout juste », jamais célèbre comme ces
auteurs croisés ça et là. Un auteur qui n'a pas obtenu la notoriété souhaitée. Alors, lorsque l'auteur arrive à près
de la cinquantaine et qu'il se rend compte que ses livres n'ont
jamais vraiment marché... le questionnement est alors présent et
ne le quitte plus. Vient le manque d'argent... et vient la question
fatidique...manque de talent, pour ne jamais avoir réussi à percer
autant que ses collègues ?
Comment
faire un livre qui marche ? Comment l'auteur de 50 ans peut-il
percer parmi tous les jeunes auteurs qui arrivent sur le marché a à
peine 20 ans, et comment rivaliser lorsqu'on est un peu largué de
tous ces réseaux sociaux, Facebook, Instagram, etc, car tout se fait
là désormais... avec des bookstagrammeurs, bloggeurs, etc, mais aussi avec de
nouveaux phénomènes littéraires qui percent depuis quelques
temps.
Là
aussi, Thomas Gunzig a les mots justes pour parler de ce thème qui
est très parlant pour nous lecteur et encore plus pour nous
bookstagrammeurs, bloggueurs, etc. C'est tellement vrai, tellement
fort. Des mots qui frappent et qui portent une réflexion sur le
métier d'écrivain. Pas si facile qu'on le croit !!
Et
pour conclure, Thomas Gunzig nous a concocté une intrigue des plus jouissives avec une petite touche rocambolesque avec, vous l'aurez compris, des personnages profonds, empli d'une
rage de vivre intense pour se relever, et très attachants.
Le
style de l'auteur est remarquable, gros gros coup de cœur pour le
style de Thomas Gunzig. Je ne vais pas trouver les mots légitimes pour
vous exprimer correctement mon ressenti sur ce sujet, mais j'ai
adoré son style sur bien des points. Il a une façon particulière,
à lui, de nous faire ressentir les émotions, qu'elles vous fassent
sourire ou qu'elles vous prennent aux tripes. J'aime quand
l'auteur, pour intensifier la situation vécue d'un personnage, nous cite une pléiade de faits de quasi une page (exemple : sur une page entière,
citer des prix d'articles nécessaires à la vie d'Alice et son fil
pour survivre dans son quotidien, prix des petits pots, paquet de pâtes, etc). Utiliser le listage de faits, d'actions, nous
faire ressentir toute l'ampleur de la situation vécue par le personnage.
J'espère que mes mots sont assez fort pour vous faire ressentir tout ce que j'ai aimé dans ce roman car j'ai toujours beaucoup de mal à écrire mes chroniques lorsqu'il s'agit, comme ici, de gros coups de cœur. J'ai découvert grâce à ce roman tout le talent de Thomas Gunzig, la justesse et la profondeur de ses mots. Un roman qui restera dans ma mémoire, je peux vous l'assurer, et c'est mon gros coup de coeur de la Rentrée littéraire 2019 et très certainement de mes lectures de l'année 2019.
Ne passez pas à côté de cette pépite !!
Et on ne pouvait pas trouver meilleur titre !!
Ah ben dis donc... je ne connaissais pas du tout
RépondreSupprimerJe ne connaissais absolument pas mais ton avis donne envie d'en découvrir plus :)
RépondreSupprimerPas un coup de coeur pour moi, mais une lecture passionnante.
RépondreSupprimerUne belle découverte !
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