mercredi 4 mai 2016

L'anatomiste



Auteur : Marilyne Fortin

Titre original : La Fabrica

Editeur : Terra Nova
Roman - Renaissance - Médecine - Chirurgie - Anatomie - Dessin - Peinture - Art - Pauvreté - Richesse - Prostitution - Intrigue
Pages : 394
Parution : 13 janvier 2016









Synopsis :


Né dans une famille miséreuse, Blaise est vendu par son père alors qu'il n'est encore qu'un enfant. Dans l'atelier d'un peintre, il perfectionne son art du dessin et rêve de devenir un grand artiste. Mais en 1539, la Renaissance a beau étendre ses lumières sur la France, elle éclaire difficilement ceux qui, comme lui, sont issus de la fange des ruelles. Les hasards de la vie font qu'il est contraint à travailler pour Gaspar de Vallon. Ce chirurgien méprisant et ambitieux lui demande d'illustrer son traité anatomique. Il impose à Blaise toujours plus de séances de dissections de cadavres et le force à une quête effrénée et illégale pour dénicher des corps dans les cimetières de Paris. Une rencontre vient toutefois bouleverser ce parcours : celle de Marie-Ursule, une prostituée énigmatique. Captivé par la beauté de la jeune femme, Blaise sent renaître son âme d'artiste et sa volonté de déjouer le mauvais sort qui semble s'acharner...

 Paris, 1524, le jeune Blaise vit dans la misère sous la coupe d'un père brutal. Celui-ci lui demande de faire tout un tas de petits boulots pour lui. Le seul plaisir pour Blaise, partir au petit matin dans la forêt et faire des croquis de la nature. Il a un talent inné entre les mains, il dessine à la perfection. Bien sûr, son père a compris bien vite qu'il pourrait tirer de l'argent du don de Blaise. Il l'emmène sur les marchés pour faire le portrait de ceux qui sont prêts à payer quelques pièces. Il l'oblige parfois à faire quelques dessins de scènes pas très catholiques. Blaise n'a pas le choix, il prend sa vie comme elle est, il ne veut surtout pas avoir le même sort que sa sœur... Il détestait ce père sournois, et détestait faire partie de ses traficotages.
 
Sur un marché, il est repéré par un peintre. Le lendemain, le père de Blaise l'oblige à le suivre. L'enfant sent bien qu'il se trame quelque chose... Il comprendra vite qu'il vient d'être vendu au peintre.
Quelques jours passèrent sans que l'homme ne lui explique quoi que ce soit. On décrassa Blaise, on l'habilla avec de beaux vêtements. Personne ne l'avait frappé jusque là... Et enfin, maître Battisto lui expliqua qu'il était un grand peintre reconnu également en Italie et qu'il comptait apprendre à Blaise le travail de peintre. A une condition, qu'il y est une confiance mutuelle. Blaise se détendit petit à petit en compagnie de maître Battisto et décida de lui faire confiance malgré qu'il ait été si souvent trompé dans sa vie, mais maître Battisto lui promettait un bel avenir.
 
Et en effet, il lui apprit à observer les êtres humains, à lui donner des conseils sur les lumières, etc.
 
Les années passent, Blaise est l'apprenti de maître Battisto et continue de perfectionner son art.
 
Mais en 1539, Blaise est cédé et contraint de travailler pour Gaspar de Vallon, un chirurgien méprisant et fort ambitieux et cruel anatomiste. Il en devient alors son esclave. Il découvre alors des soirées secrètes, des soirées de dissection de cadavres. On lui demande alors de bien observer les textures plutôt que les chairs sanguinolentes, ou viscères impudiquement dévoilés ou liquides gouttant sur la table.
 
Gaspar de Vallon ayant perçu le talent de Blaise, va profiter de celui-ci pour illustrer son traité anatomique qu'il entreprend : La Fabrica. Qu'il désigne comme étant le traité anatomique plus grand que nature. Il rêve d'être le 1er à terminer un tel ouvrage mais les Italiens ont eux aussi entrepris de constituer un ouvrage semblable, et ils mettent en pratique des méthodes scientifiques audacieuses. Une obsession pour De Vallon, surpasser les Italiens. Il espérait quelque chose d'inoubliable et voulait que son œuvre marie les récentes découvertes de la science et la fine fleur de l'art moderne. Il désirait qu'elle soit abondamment illustrée et très réaliste pour que les étudiants de médecine ou chirurgie l'utilise. Il espérait que l'Europe le cite un jour et voulait un ouvrage colossal.
 
Si bien que De Vallon augmente la cadence d'anatomies secrètes pour clôturer son œuvre. Il compte bien se servir de Blaise, qui a des doigts en or avec son talent inestimable de dessinateur. Et les reproductions de Blaise des différentes parties du corps humains sont sensationnelles.
Gaspar De Vallon lui impose alors de plus en plus de séances de dissection de cadavres et surtout l'envoie directement dans un Paris putréfiant en quête de corps de première fraîcheur dans les cimetières parisiens... Une quête illégale où Blaise risque la pendaison s'il se fait prendre. Mais il n'a pas le choix, Gaspar de Vallon le tient en coupe et il doit travailler pour lui et cela gratuitement.
 
Le destin de Blaise va croiser celui de Marie-Ursule, une orpheline élevée par une anglaise exilée et vouée à la damnation éternelle. Les manigances de sa mère vont faire entrer Marie-Ursule dans le cercle intime de De Vallon. Blaise découvrira vite que Marie-Ursule est une prostituée. Il est captivé par sa beauté si particulière. Marie-Ursule, elle, est attirée par l'argent. Blaise et Marie-Ursule vont tisser une amitié secrète et s'aperçoivent que leur vie ne leur plaît pas et qu'elle est dangereuse... Blaise, lui, aimerait retrouver son âme d'artiste qu'il a perdu petit à petit en étant forcé de participer aux anatomies et aux croquis qu'il devait effectuer pour De Vallon. Marie-Ursule, elle, aimerait quitter ce Paris qui l'a forcé à vendre son corps. Elle aspire à une autre vie... mais les mauvais sorts s'acharnent.
Quel roman historique !!
Passionnant !!
 

Premier roman très réussi qui mêle la fiction à la réalité. Au fil d'une histoire fictive, on découvre par contre la véritable histoire de la rédaction de traités d'anatomie à l'époque de la Renaissance. En effet, Marilyne Fortin a découvert au décours de ses études un traité anatomique anonyme du XVIe siècle illustré d'extraordinaire gravures. Est née l'idée d'une fiction sur l'artiste inconnu tout en mêlant faits historiques.
 
C'est extrêmement bien reproduit, une fois plongé dans le roman on a l'impression de traverser les ruelles lugubres de Paris et l'auteur nous transporte directement dans des cabinets d'anatomie tenus secrets et illicites. Le parcours de ce jeune artiste, Blaise, est passionnante et cela retrace donc sa vie à partir de son enfance jusqu'à ce qu'il atteigne environ 30 ans. De même pour la description des situations, le lecteur observe chaque détail grâce à l'écriture foisonnante de l'auteur.
 
L'auteur ne lésine pas sur les détails, rien ne manque aux descriptions des divers personnages issus de différentes classes sociales, autant des classes sociales pauvres que des classes sociales riches. On y retrouve donc Blaise, un enfant vendu par son père, Marie-Ursule contrainte de vendre son corps par sa mère, mais on y retrouve également un chirurgien imbu de sa personne et méprisant, etc. C'est magnifiquement décrit.
On se prend forcément d'attache pour le personnage de Blaise qui n'a, franchement, pas connu une vie facile...

Le Paris de l'époque est lui aussi superbement décrit. On y entre dans des monuments emblématiques, qui pour certains existent encore.

Les séances d'anatomie sont relatées avec beaucoup de précision, si bien qu'on a l'impression d'y participer également sans passer pour autant dans des scènes glauques. L'écriture reste élégante pour ne pas rentrer dans le glauque. L'auteur lève le voile sur ces séances de dissection ni réglementée et sans aucune hygiène, où l'on donnait les déchets aux chiens. Les parisiens de la haute société se pressaient en cachette pour assister à l'une de ces séances d'anatomie secrète qui devenait alors un spectacle. Les moyens de dénicher un cadavre sont aberrants....

Les mœurs de l'époque sont évoquées de manière subtile. Historiquement, c'est vraiment très intéressant.

L'écriture est, vous l'aurez compris, parfaite et rend l'histoire captivante du début à la fin.

C'est également très bien rythmé entre faits historiques et fiction.

Magnifique livre-objet également. Avec, au début de chaque chapitre, une vignette extraite des planches de La Fabrica, traité d'anatomie.

Fresque historique couplée à un récit de vie, incroyable et palpitante.


Exemple de vignette des débuts de chapitres.








2 commentaires:

  1. Un roman à acheter et à garder bien au chaud, alors.

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  2. Ai retourné ce livre en librairie à plusieurs reprises, me voilà définitivement tenté ...

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Merci de votre passage sur le blog !