samedi 14 septembre 2024

Le choix

 


Sicile, années 60.

Oliva a 15 ans et vit dans un petit village de Sicile. Et comme le dit Oliva : 

"Naître fille est une malchance."

Oliva rêve de liberté, aime les choses simples de la vie, aller à la chasse aux escargots avec son père, découvrir les mots du dictionnaire grâce à sa professeure, et rêve de trouver un emploi une fois adulte. 

Mais dans les années 60, en Sicile, les femmes sont soumises à certaines lois : une jeune femme ne doit pas faire de bruit, ne doit pas se promener seule avant le mariage. Elle doit avoir le regard toujours en direction du sol car sinon c'est outrage de regarder un homme dans les yeux avant le mariage, on la surnommerait d'aguicheuse. Et enfin, la jeune femme est promise à l'âge de 15 / 16 ans à un maria qu'elle ne connaît pas mais viendra apporter une certaine richesse à la famille, elle devra être sa servante et enfanter. 

Oliva, elle, rêve de liberté et ne souhaite pas devenir la femme de quelqu'un à 15 ans. Elle veut vivre, apprendre, avoir le droit de travailler. 

Elle se rebelle et fait valoir son droit de vivre et de choisir. Au risque d'en payer le prix fort.
Bouleversant.

J'avais beaucoup aimé son roman Le Train des enfants (ICI), c'est donc avec plaisir que je me suis plongée dans son roman Le choix. Et à nouveau, un magnifique roman où l'on retrouve cette jeune femme de 15 ans, dans les années 60, dans un petit village de Sicile où les traditions sont bien ancrées pour que la femme n'est aucune liberté. 

"Une fille, c'est comme une carafe : qui la casse la ramasse, dit toujours ma mère."


"Naître fille est une malchance."


Les mots de Viola Ardone sont percutants. L'autrice mêle à nouveau parfaitement Histoire avec un grand H et fiction, avec un personnage mémorable : cette jeune fille de 15 ans qui rêve d'émancipation et de liberté, Oliva Denaro. 
Si vous remarquez bien Oliva Denaro est l'anagramme de Viola Ardone. 

Cette jeune femme de 15 ans rêve de liberté, mais dans les années 60 en Sicile, ça n'existe pas. Comme le dit si bien cet extrait :

"Dans le dictionnaire de notre institutrice, certains mots, comme ministre, maire, juge, notaire, médecin, figuraient seulement au masculin."

certains mots n'existent qu'au masculin, le féminin est quant à lui relégué. C'est exactement ça la vie d'une jeune femme, à cette époque, en Sicile. 

Grâce à l'écriture de Viola Ardone, on s'immerge dans les lois ancestrales siciliennes où la condition de la femme est inexistante, et cela en 1960. En dehors de son domicile, la femme n'existe pas au singulier, car si elle veut sortir du domicile, elle est soit accompagnée d'autres femmes (donc femmes au pluriel), ou soit mariée (donc une femme au pluriel aussi puisqu'appartenant et associée à un être masculin). Avant le mariage, jamais une femme ne doit être au singulier dans les rues de son village. Elle sera traitée d'aguicheuse, de femme légère.

Les sujets mis en avant sont émotionnellement parlant très forts, mais je ne peux tous vous les révéler car ils sont partie intégrante à l'histoire qu'il vous faut découvrir. Attendez-vous à des sujets forts et bouleversants. 

Un roman bouleversant oui, sur la condition de la femme en Sicile en 1960. Sur le rêve de liberté des femmes et jeunes femmes qui n'aspire qu'à vivre selon leur choix. Leur demande d'émancipation. Des jeunes femmes qui ne veulent plus être mariées de force à des hommes qu'elles ne connaissent pas, parfois beaucoup plus vieux qu'elles. 

Je suis totalement conquise par les romans de cette autrice, j'avais beaucoup aimé Le Train des enfants, j'ai adoré Le choix. Il me tarde de découvrir son dernier roman qui vient juste de sortir chez Albin Michel : Les Merveilles.  

Roman marquant que je ne peux que vous conseiller. 


mardi 10 septembre 2024

Le rêve de Ryôsuke

 




Japon. Ryôsuke a besoin de prendre un nouveau départ, souffrant d'un mal-être en rapport avec la mort prématurée de son père.  

En lui, une fracture. Alors il a décidé de partir sur les traces de son père, là où il a séjourné quelques temps, sur une petite île peu peuplée. Un bout de terre où l'on retrouve des chèvres sauvages dans les montagnes. 

Ryôsuke a l'ambition de parvenir à réaliser le rêve de son père : produire du fromage de chèvre. 

Mais sur cette petite île, il y a des coutumes locales auxquelles Ryôsuke ne s'attendait pas et elles ne vont pas avec l'intention de Ryôsuke. Il risque fort de se heurter aux règles locales, voir à la colère des habitants. 

Parviendra t-il à aboutir à ses rêves, ceux de son père également ? 
Et jusqu'où est-il prêt pour y parvenir ? 

Lecture en dents de scie...

C'est mon 1er roman de Durian Sukegawa, auteur Japonais, et je tenais beaucoup à découvrir sa plume. J'ai également dans ma pile à lire : Les Délices de Tokyo. 

Le rêve de Ryôsuke est un conte initiatique japonais, et en effet ma lecture a été un peu en dents de scie car, malgré avoir apprécié cette lecture, j'y ai trouvé quelques bémols notamment avec quelques longueurs.

Dans ce conte initiatique, on assiste à un parcours gastronomique tournant autour de la confection de fromage de chèvre. On retrouve également un questionnement autour du prix de la vie, humaine comme animale. J'ai trouvé ça à la fois enrichissant dans les étapes à parcourir pour ce jeune homme qui souhaite aboutir au rêve de son père et dans ce parcours gastronomique ; mais à la fois j'ai trouvé des passages longs dans certaines étapes, peu dynamiques, et parfois même des passages peu optimistes... C'est pourquoi je suis partagée sur cette lecture. 

Côté personnages, je n'ai pas réussi à m'y attacher hélas, mais ça n'est que mon avis personnel. 

Malgré ce ressenti, cela reste agréable à lire c'est ça qui est étrange. 😉

Côté écriture, l'auteur abord des questions qui amènent à réflexion. Des questions sur le prix de la vie, humaine comme animale, sont intéressantes. Autre sujet intéressant aussi, jusqu'où sommes-nous prêts à aller pour réaliser nos rêves ?

Malgré des bémols, il n'en reste pas moins que j'ai hâte de découvrir 
Les délices de Tokyo, roman gastronomique également.

samedi 7 septembre 2024

Ils sont chez nous

 



Dans une demeure de Chelsea, une macabre découverte faite par la police : 3 cadavres retrouvés et un bébé abandonné. Faute de preuves, on privilégie un suicide collectif, surtout que l'on ne voyait pas souvent les membres de cette famille, bien souvent recluse chez eux. Une famille particulière. Certains voisins pensaient même à une secte, ne voyant même que très rarement les enfants sortir. 

L'affaire est classée. Pourtant avant l'arrivée des autres, la famille Lamb coulait des jours heureux. 

Le jour de ses 25 ans, Libby reçoit une lettre lui annonçant qu'elle hérite d'une maison dont elle n'avait aucune connaissance. Une maison située dans un quartier très recherchée de Chelsea. Cette même maison où a été retrouvé le bébé.

Pourquoi est-elle l'héritière de cette maison, c'est ce qu'elle va devoir découvrir. Mais ce qu'elle ignore encore, c'est que quelqu'un, quelque part, donnerait cher pour la retrouver... 
Suspense passionnant !

Une chose à dire "Ne laissez pas entrer le loup dans la bergerie..."

Une ambiance sombre et totalement captivante avec ce thriller domestique. C'est mon 1er roman de Lisa Jewell et ça ne sera pas le dernier. 

C'est un récit à la fois troublant, mystérieux, captivant, jusqu'au final qui a su me cueillir. 

L'autrice a su me surprendre au fil de l'intrigue. L'intrigue est bien menée, très intéressante à suivre. 

Les personnages sont complexes à souhait, voir obscurs mais "chut"...je n'en dirais pas plus. 

On entre vite dans l'histoire, en retrouvant un côté addictif, on veut savoir ce qu'il en est !

Le roman est découpé en plusieurs parties, et on retrouve plusieurs chronologies : l'instant T, et 25 ans auparavant commençant en 1980, puis on remonte petite à petit les années sur cette période des années 80. Plusieurs interlocuteurs également, mais idem, je n'en dirais pas plus. Tout est à découvrir ! En tout cas c'est écrit avec brio.

Difficile de chroniquer ce roman car en fait tout est à découvrir, sur tous les points.

Un autre roman de Lisa Jewell m'attend bien sagement dans ma pile à lire, hâte de le découvrir désormais. 

Passé, présent, secrets de famille, vous trouverez votre bonheur dans ce thriller domestique j'en suis certaine ! 
(Si vous aimez ce style de lecture) 

mercredi 4 septembre 2024

Le Rossignol

 




1994, petit village de la Baie de Somme. Tony a 10 ans et il a pour rêve de remporter le concours du meilleur imitateur d'oiseaux. 

Inlassablement, il s'entraîne pour oublier le silence de son père, de leur maison, de leur famille qui n'en est plus vraiment une. 

Mais l'arrivée de Louis, petit parisien, va bousculer tous ses projets. D'autant que le garçon développe un don inattendu...



Un rossignol m'a emportée haut dans le ciel, sous son aile et à l'écoute de son chant.

Je me suis plongée avec plaisir dans les mots délicats d'Anne-Gaëlle Huon qui nous offre ici une histoire gorgée de nostalgie, de bienveillance, d'amitié, et de secrets. 

Tout ça à l'écoute des sons, ceux du chant mélodieux des oiseaux, et croyez-moi, parler aux oiseaux n'est pas donné à tout le monde. Au son de l'eau également, qui berce cette région de la baie de Somme. 

Une région que l'on a envie de découvrir après la lecture de ce très beau roman. 

Les thèmes abordés font réfléchir, notamment : que reste-t-il de nos rêves d'enfant à l'âge adulte
Les promesses faites, qui sont parfois dures à tenir. Les secrets qui se dévoilent, et qui peuvent aussi changer le cours de la vie et de ses rêves... 

"L'enfance a ses parfums, mais aussi ses paysages."

L'histoire est vraiment belle, pleine de nostalgie, d'enfance, d'amitié, de secrets de famille. De silence aussi, ceux du père de Tony.... 

J'ai adoré suivre Tony justement. Dix ans, il rêve de remporter le prix de meilleur imitateur d'oiseaux. Et doit faire face au silence de son père. 

Concernant l'histoire, je pense qu'il faut en dire le moins possible, tout est à découvrir et c'est pourquoi je n'ai fait que reprendre les grandes lignées du synopsis. Il faut se plonger dans l'histoire de Tony et de Louis, tel quel. 

Les mots sont touchants, drôles aussi, à l'image d'Anne-Gaëlle Huon. Des mots qui parlent si bien de la vie, des émotions. C'est profond, touchant, et on ne peut qu'être séduit par notre rencontre avec Tony et Louis.

Ce roman est également un joli compliment à la nature. Aussi bien à la faune : les oiseaux, qui tiennent ici un rôle très important et qui nous donnent désormais envie de siffler à tout bout de champ. Mais aussi la flore et cette si belle description de la région de la baie de Somme, ce panel de couleurs et cet horizon sur les étangs et les roseaux. 

Merci Anne-Gaëlle Huon de nous transporter, à chaque fois, dans de merveilleux moments de vie et de nous offrir de si belles rencontres avec des personnages si attachants que l'on a l'impression, au final, de les compter parmi nos proches. 

Je ne peux que vous conseiller d'aller écouter le chant du rossignol et autres piafs qui vous chanteront 
des mélodies qui vous feront vivre un voyage dans le temps.