lundi 25 avril 2022

Comme deux gouttes de sang

 

Synopsis

Par une nuit de Noël, l'horreur s'est invitée dans une famille heureuse de Norvège. Seule l'aînée survit au drame. Après une brève cavale, le tueur sanguinaire termine derrière les barreaux... Affaire classée.
Vingt-deux ans plus tard, à Paris, le commandant Sarda a sur les bras un cadavre réduit à l'état de squelette, découvert attaché dans la cave d'un manoir abandonné, une croix latine inversée gravée sur le crâne. Crime de secte, crime de sang ? Les esprits s'échauffent, les réseaux sociaux s'enflamment. Sarda doit élucider cette mystérieuse affaire au plus vite. Mais son enquête, complexe et minutieuse, va prendre un tour particulier. Car si deux gouttes d'eau peuvent être semblables, quels secrets deux gouttes de sang renferment-elles ?
Après des rebondissements étourdissants, le dénouement de ce thriller est à couper le souffle. 


Norvège, la nuit du 24 décembre 1997, alors qu'une famille passait une belle soirée, de celles dont on savoure chaque seconde, trois coups puissants frappés à la porte d'entrée ont sonné le glas de cet instant. La famille Lyngstad a subi un massacre. Auraient-ils eu la chance de fuir à l'attaque de leur agresseur ? Cela n'est pas certain. Elle avait vu son père, sa mère, mourir dans des conditions atroces devant ses yeux. Johanna avait voulu sauver son petit frère en l'attrapant par la main, mais...
Johanna elle la seule rescapée de ce massacre. 

Novembre 2019, plus de 20 ans après la tragique nuit de Noël, au sud de Paris, un corps est retrouvé par des jeunes venus pour une activité d'Urbex. Exploration urbaine consistant à visiter des lieux abandonnés, cachés, voir interdits, des friches industrielles, des églises, des châteaux désaffectés, etc. De fabuleux terrains de jeu pour les amateurs de cette pratique qui fixe la lumière, l'abandon de ces lieux, à travers l'oeil d'un appareil photo. Dans ce manoir abandonné visité par trois jeunes venus pour cette activité d'Urbex, les restes d'un corps sont apparus dans leurs faisceaux de lumière. Squelette, bras tirés en hauteur vers l'arrière, enserrant un imposant pilier en pierre. Le fil barbelé retenant toujours les poignets. Ossements d'une femme, plutôt jeune, entre quinze et vingt ans. 

Un détail n'a pas manqué à l'enquêteur appelé sur place, Raphaël Sarda. Sur le front de cette jeune femme a été gravée une croix latine inversée, ou croix de saint Pierre, tracée à la pointe d'un couteau.

Rituel sataniste ? Crime de sang ? L'enquête est confiée à Sarda et son équipe. 

Nous sommes toujours en novembre 2019, dans l'Hérault. Johanna est traductrice de livres, elle est mariée à Aymeric. Pour la première fois, elle s'essaye à la traduction d'un roman qui change de ses précédentes traductions, et il doit sortir là, d'ici quelques jours. Au jour où elle reçoit les exemplaires du roman, Johanna n'a plus donné de nouvelles d'elle. Aymeric est inquiet et prend contact avec la gendarmerie de Montpellier. L'affaire est confiée à Romane Delmiez. 

Qu'est-il arrivé à la jeune femme dont on a retrouvé le squelette dans le manoir abandonné au sud de Paris ? Pourquoi Johanna a t-elle disparue sans donner signe de vie alors que tout aurait dû être fête au jour du 1er roman qu'elle traduit ? 

Un thriller diabolique !!

Je découvre la plume de Nicolas Nutten qui a reçu le Prix du Suspense psychologique en 2020 pour son premier roman "Disparition". Et croyez-moi, j'ai découvert une plume intense, très rythmée, à la façon d'un scénario de film même dirons nous. Une action dense qui ne vous lâche jamais tout au long du roman. 

J'ai adoré l'intrigue et l'atmosphère du roman. Une ambiance sombre, glauque, et les mots de l'auteur nous plongent totalement dans cette ambiance. On a vraiment cette sensation de vivre les scènes, c'est incroyable. L'intrigue est dense, riche en rebondissements et surprises. Et je n'ai cessé d'être surprise à chaque page tournée de ce thriller !! Une intrigue machiavélique qui vous surprendra jusqu'au bout du bout, jusqu'à cette dernière page lue. L'auteur joue avec le lecteur, il nous tend certaines pistes qui vont s'avérer trompeuses, inexactes à ce que l'on pouvait penser. Tout s'enchaine magnifiquement !!! Et toujours avec cette façon d'écrire tel un scénario de film, et on a également la chance d'avoir une belle chronologie signalée lors des ouvertures de chapitre, dans la date ou voir même juste l'heure de la journée qui s'écoule et qui apporte une certaine tension au lecteur. 

Les personnages sont eux aussi superbement travaillés, tous autant qu'ils sont. Qu'ils soient enquêteurs, qu'ils soient victimes, qu'ils soient sanguinaires, malveillants, les personnages sont tous très intéressants à découvrir et à suivre. Ils sont aboutis, on ressent leurs faiblesses, leurs imperfections, leurs peurs. J'ai apprécié également retrouver des enquêteurs très réalistes que ce soit dans leur vie privé ou dans leur vie professionnelle. On a leurs failles, leurs doutes, le passé de chacun aussi, sur les deux plans professionnels et privés. Des personnages que j'aimerai retrouver pour certains d'ailleurs !

Une enquête complexe et totalement addictive entre les mains, il est vraiment difficile de lâcher ce thriller pour bien des points. 

Côté décors, on a cette ambiance sombre notamment dans les décors. Des atmosphères vraiment réalistes, des lieux particuliers entre autres avec l'activité d'exploration urbaine que l'on nomme Urbex mis en avant ici. Un thème que j'ai trouvé intéressant. Les lieux sont superbement décrits, on a l'impression d'être immergé dans les scènes. Des lieux qui vous transportent dans cette atmosphère mystérieuse, sombre.

La plume de l'auteur, je vous l'ai dit est elle superbe. Intense, addictive, très rythmée. Un auteur qui joue avec le lecteur pour faire monter la tension, le suspense. Une narration qui permet également d'avoir le point de vue de différents protagonistes pour mieux ressentir le vécu et les émotions de chacun, et de comprendre l'intrigue. Et c'est un très bon choix je trouve.

Je n'ai qu'une envie désormais, découvrir "Disparition", et penser également pouvoir retrouver certains protagonistes rencontrés ici. 

Vous l'aurez compris, c'est une très belle découverte et un coup de coeur 
pour ce thriller haletant et totalement addictif. 
Superbement construit, avec une intrigue palpitante et pleine de surprise. 
Sans compter des décors de toute beauté qui vous offriront une atmosphère sombre, suffocante.


Merci aux Editions Nouveaux Auteurs pour cette lecture

mercredi 20 avril 2022

Dis, t'en souviendras-tu ?

 

Synopsis

Aude a 23 ans, vit à Grasse et travaille au musée Fragonard où elle a rencontré celui qui allait devenir son mari, Emerick Saint George, un " grand nez ", de quinze ans son aîné.
Une existence rêvée qui bascule le jour où Aude se réveille attachée à un lit d'hôpital, perdue dans le brouillard d'une amnésie complète. Des promeneurs l'ont retrouvée inanimée sur les hauteurs d'un village voisin, les épaules et le cou couverts d'hématomes. Près de l'endroit où elle gisait se trouvait la voiture de son mari, vide, portières ouvertes, clé sur le contact et nulle trace de lui...

Grasse, sur les collines de la Côte d'Azur. Ville connue pour son industrie du parfum et son musée international de la Parfumerie. On y retrouve la très grande parfumerie Fragonard. C'est ici d'ailleurs qu'Aude, 23 ans, a rencontré celui qui sera son futur mari, un "grand nez" connu du milieu de la parfumerie, de quinze ans son aîné, Emerick Saint George.

A l'heure d'aujourd'hui, Aude, 23 ans, se balade toujours avec un petit morceau de papier dans une poche portant son nom, prénom, et son adresse, avec la peur de ne plus savoir qui elle est. En ce jour de fin avril, elle va rencontrer pour la première fois un psychiatre spécialisé dans la perte de mémoire. Ce psychiatre l'aidera à accomplir ses premiers pas à la recherche de ses souvenirs. 

Parce que oui, Aude n'a aucun souvenir du passé depuis ce jour où elle s'est retrouvée  sur un lit d'hôpital. Sur ce lit d'hôpital, on lui a appris qu'elle avait été retrouvée inanimée et couverte d'hématomes aux côtés de la voiture de son mari, en pleine campagne des hauteurs d'un village des collines voisines de Grasse. Une voiture aux portières grandes ouvertes, vide. Aucune trace de son mari aux alentours. Que s'est-il passé ? Aude n'en a aucun souvenir.

Un choc psychologique certainement dans les suites de l'agression. A plus ou moins longue échéance, les médecins avaient dit à Aude qu'elle devrait retrouver la totalité de sa mémoire. 

Pour cela, elle a besoin d'aide. Ce sont les compétences du psychiatre qu'Aude va rencontrer pour la première ce jour qui vont l'aider à travailler afin de tenter de recouvrer sa mémoire perdue. Une amnésie post-traumatique. 

C'est grâce à ce travail qu'elle va pouvoir comprendre ce qui s'est produit dans les collines. Et c'est grâce à ce même travail, qu'elle va pouvoir découvrir ce qui est arrivé à son mari.
Elle ne le sait pas encore, mais si elle retrouve la mémoire, Aude risque de réveiller certaines vérités douloureuses... 
Une intrigue intéressante.

Je découvre la plume de Janine Boissard avec ce roman. Un roman façon intrigue pour parler de l'amnésie post-traumatique. L'amnésie post traumatique décrit une période pendant laquelle une personne n'a pas conscience de violences subies. Le souvenir reste enfoui au fin fond du cerveau, une façon que le cerveau a pour se protéger de la terreur et du stress. 

Le synopsis parle d' "une vraie héroïne hitchcockienne". Je n'irais pas jusque là mais l'intrigue reste intéressante à suivre jusqu'au bout de la lecture. Le suspense est présent et les informations ne nous sont dévoilées que petit à petit. Un suspense qui tourne autour de ce qui est arrivé à notre héroïne mais aussi à son mari qui reste introuvable. Retrouver ses souvenirs pourrait alors apporter des éléments de réponses à Aude, son entourage, et déterminer ce qui est arrivé à Emerick Saint George, "grand nez" de la parfumerie. 

L'intrigue est rapidement placée ce qui fait que l'on se retrouve vite embarqué dans l'histoire. On ressent vite également que certains secrets s'immiscent dans cette histoire. Et puis il y a un thème social sensible qui se trouve au coeur de cette amnésie, je ne peux rien vous dévoiler à son sujet mais c'est un thème fort, délicat, douloureux, où l'atmosphère peut être parfois oppressant.

Côté personnages, j'ai du mal à dire si je me suis attachée à eux ou non. Aude est une jeune femme que l'on a du mal à cerner, et en même temps on a envie de l'aider à recouvrer la mémoire.

J'ai trouvé également qu'elle retrouvait un peu rapidement la mémoire par contre. Mais l'intrigue de cette amnésie, des secrets de famille enfouis, reste pour autant agréable à suivre avec l'envie d'en connaître son dénouement.

Côté décors, le lecteur est plongé dans les hauteurs de Cannes, dans les collines de la Côte d'Azur. Un décor planté autour du milieu de la parfumerie, des parfums Fragonard. Un décor dépaysant et très accueillant.

La plume de l'auteure est agréable, fluide, on est vite pris dans l'intrigue.

En bref, la découverte de la plume de Janine Boissard avec un roman façon intrigue 
pour parler de l'aménsie post-traumatique et d'un thème social fort et délicat. 
Une jolie découverte.  

jeudi 14 avril 2022

N'avoue jamais


 
Synopsis

Attention - Saga D.D Warren. Tome 11

« Un homme est abattu de trois coups de feu à son domicile. Lorsque la police arrive sur place, elle trouve sa femme, Evie, enceinte de cinq mois, l'arme à la main.
Celle-ci n'est pas une inconnue pour l'enquêtrice D.D. Warren. Accusée d'avoir tué son propre père d'un coup de fusil alors qu'elle était âgée de seize ans, elle a finalement été innocentée, la justice ayant conclu à un accident.
Simple coïncidence ? Evie est-elle coupable ou victime de son passé ? »
Attention - Saga D.D Warren. Tome 11

Boston. A son domicile, un homme, Conrad Carter, est retrouvé mort dans son bureau. Lorsque la police arrive, elle retrouve sa femme dans la même pièce avec l'arme à la main et du sang sur les mains. Sur le bureau, l'ordinateur, lui, a reçu 12 coups de feu. Evie Carter, l'épouse, enceinte de 5 mois, est arrêtée. 

Ce n'est pas la première fois qu'Evie figure dans une affaire de meurtre. Elle n'est donc pas inconnue pour D.D. Warren, l'enquêtrice chargée de l'enquête, qui était déjà sur l'affaire lorsqu'Evie a été soupçonnée du meurtre de son père à l'âge de 16 ans. Evie avait été innocentée à l'époque.

Pour D.D. Warren, cette 2ème affaire où Evie est à nouveau soupçonnée du meurtre de son mari, ne peut pas être une coïncidence. Cela fait trop pour une seule personne. 

Lorsque l'affaire est reléguée par les chaînes d'informations, une jeune femme croit reconnaître Conrad Carter. Elle l'aurait croisé dans un bar, alors qu'elle était victime d'un enlèvement. 

D.D. Warren va avoir du pain sur la planche car pour déterminer si Evie Carter est coupable ou innocente, elle va d'abord devoir reprendre l'affaire remontant au meurtre du père d'Evie. Se pourrait-il qu'à l'époque déjà Evie ne soit pas innocente mais coupable ? 

Vieux secrets, crimes récents. Beaucoup de choses doivent remonter à la surface. Mais où est le lien entre ces différentes affaires ? La mort du père d'Evie, la mort du mari d'Evie, et l'enlèvement d'une jeune femme... Il y a forcément un rapport...
Lisa Gardner, maître en matière du thriller psychologique !

Il s'agit là d'un opus de la saga ayant pour personnage principale l'enquêtrice D.D. Warren. Bien que les tomes peuvent se lire individuellement, on retrouve ici un lien avec d'anciens opus, que pour ma part je connaissais. 

L'intrigue dans cet opus est parfaite je trouve, elle mêle différentes affaires qui ont forcément un point commun. On le sent venir. Mais Lisa Gardner ne nous dévoile les informations qu'au fur et à mesure de la lecture, si bien que l'on est totalement pris en haleine par l'intrigue. La tension monte même au fil de la lecture. 
On retrouve des secrets de famille, des demi-vérités qui explosent. Et une jeune femme qui s'en veut que sa mémoire n'est pas si bien fonctionnée que ça à une époque, lorsqu'elle a été victime d'un ravissement et qu'elle n'ait pas auparavant eu le souvenir d'un homme croisé pendant sa captivité. Une jeune femme prise de remords et pourtant, qui pourrait lui en vouloir. 

Le côté psychologique tient une place importante dans ce thriller, pour tous les personnages d'ailleurs. Je parle ici des trois femmes concernées par l'enquête : D.D. Warren, notre enquêtrice, Evie Carter, l'épouse enceinte de 5 mois retrouvée avec l'arme du crime, et cette jeune femme victime d'un enlèvement.

Des personnages du coup très intéressants à suivre, trois protagonistes féminines. Beaucoup de questionnement pour chacune. D.D. Warren se pose énormément de questions vis à vis d'Evie et de son enquête à l'époque où celle-ci avait déjà été accusée du meurtre de son père. D.D.Warren a des remords vis à vis de son enquête et son travail à l'époque. A t-elle fait le nécessaire dans son ancienne enquête ? Avait-elle fait des erreurs à l'époque ? Evie était-elle en réalité coupable du meurtre de son père ? 
Evie aussi est en plein questionnement, vis à vis de son mari. Le connaissait-elle si bien que cela. Que lui cachait-il ? 
La jeune femme enlevée est pleine de remords aussi, de ne pas s'être souvenue d'avoir croisé l'homme retrouvé mort aujourd'hui, lorsqu'elle était captive et victime d'un malade sexuel. Elle découvre qu'une partie immergée de sa captivité pourrait bien faire surface désormais et elle va devoir affronter à nouveau ce passé difficile et sombre.
Des femmes assez incroyables je trouve, par leur vécu, leur vie personnelle et familiale...  

Beaucoup de rebondissements viendront pimenter l'enquête. Et puis grande question, pourquoi l'ordinateur de l'homme retrouvé mort était blindé de 12 coups de feu. Que détenait-il ? Qu'y avait-il à cacher ?

Cet opus reprend des éléments d'anciennes enquêtes. J'évite donc de vous spoiler certaines choses. 

Le rythme est soutenu, aucun temps mort au court de l'enquête. Une enquête tout à fait réelle et vraie dans son déroulement. 

La narration est idéale puisque nous avons une narration dite "chorale" avec une alternance de chapitre selon nos trois protagonistes féminines, ce qui nous permet d'avoir le point de vue de chacune et c'est très plaisant d'avoir le ressenti de chacune de ces femmes.

Tous les éléments sont là pour un très bon thriller palpitant. 




Merci aux Editions Albin Michel pour cette lecture


lundi 11 avril 2022

La Vraie Vie





Un pavillon qui ressemble à tous ceux du lotissement "Démo". Quatre chambres. Celle de la narratrice, celle de son petit frère Gilles, celle de ses parents et celle des cadavres. Des sangliers, des cerfs, des têtes d'antilopes, gnous, quelques zèbres amputés du corps. Et dans un coin, une hyène. Tout empaillé. 

Le père est chasseur de gros gibier. Il pose sur les photos avec ses trophées, fier, son fusil à la main, sur des animaux morts. En dehors de la chasse, il a deux passions : la télé et le whisky.

La mère est transparente, soumise aux humeurs de son mari. Un mari dont elle a peur. Elle a une obsession pour le jardinage et pour les chèvres miniatures. Selon la narratrice, elle ne sait pas si sa mère a vécu avant de rencontrer son père. Depuis, cette femme s'est peu à peur remplie de crainte. En grandissant, la narratrice, s'est posé la question comment ces deux-là avaient conçu deux enfants. Son frère et elle. La principale fonction de sa mère au sein de la maison familiale est de préparer les repas. 

Derrière leur maison, le bois des Petits Pendus. Et si on le traverse, on arrive au labyrinthe de voitures cassées. Un lieu où il ne fallait pas se faire voir du propriétaire au risque de se faire courser. 
Un immense cimetière de métal. La narratrice aime bien cet endroit. Elle y emmène souvent son frère avec elle pour y jouer. On entend leurs cris, leurs rires de loin. Jusqu'à ce que le propriétaire de la casse de voitures surprenne les deux enfants. Là, il fallait se carapater vite fait.

Le rire de Gilles... 
Depuis ce jour où le marchand de glace est passé, s'annonçant avec la même petite musique habituelle, Gilles ne rit plus. Un tragique accident. 

Elle, la narratrice, 10 ans, voudrait remonter le temps et revenir à la vraie vie. Celle d'avant la tragédie. Redonner le sourire à son petit frère. 


Percutant !!

Voilà un récit initiatique percutant oui. C'est un premier roman, celui d'Adeline Dieudonné, jeune auteure Belge. Un roman sombre, glauque même, et vous ne ressortirez pas indifférent de cette lecture. L'innocence de l'enfance mêlée à la terreur.

Une famille qui pourrait ressembler à n'importe laquelle. Et pourtant. Un père qui ne voit et ne vit que par la chasse de gros gibiers. Il aime exposer ses trophées. Mais il ne chasse pas que le gros gibier...L'homme est violent. 
Alors pour sortir un peu de ce contexte familial amer, insupportable, noir, la narratrice et son petit frère tentent tant bien que mal à trouver un peu de candeur là où ils peuvent. S'amuser dans une casse de voitures, parler avec une femme étrange, et s'offrir un peu de tendresse sucrée avec une glace lorsque le marchand de glace s'annonce dans le lotissement. 

Jusqu'au jour où la tragédie arrive, jusqu'au jour où Gilles perd son rire. Alors notre narratrice, qui n'a que 10 ans, va tout faire pour retrouver leur vie d'avant.

Superbe roman initiatique, où notre jeune narratrice retrousse ses manches et pleine de courage va tenter le tout pour le tout. On sent en elle une rage de vivre, de survivre même au sein de cette famille où la violence inonde leur quotidien.

Les personnages sont extrêmement intéressants à suivre. On suit l'évolution de la narratrice, depuis ses 10 ans jusqu'à ses 15 ans. Elle est touchante, et puis on admire son courage et sa détermination.

Les lieux, décors, sont eux aussi glauques, je trouve. Ce pavillon d'un lotissement où tout se ressemble point par point. Cette casse de voitures juste derrière où les enfants jouent. Le nom de ce bois, le bois des Petits pendus.

Difficile de lâcher la lecture, le roman est court et j'en ai fait sa lecture d'une seule traite. Le roman est puissant, suffocant même. Impossible à lâcher. On est forcément secoué à la lecture du roman. On en ressort "coi". C'est à la fois poétique et on y retrouve même une certaine sensualité, et à la fois sombre, saisissant, cauchemardesque.

Une écriture magnifique où chaque mot transmet une émotion qui transpose une noirceur sociale où le drame est bien présent. Une écriture qui ne vous laissera pas indifférent, elle est sans concession, où l'innocence enfantine rencontre l'hostilité. Le choix de la narration est intéressant. Alors que l'on connaît le prénom de chaque membre de la famille, de chaque personnage du roman, un seul reste énigmatique pour le lecteur, celui de la narratrice. Peut-être parce que cela pourrait être n'importe quel enfant que l'on croise et dont on ne connaît pas la vie une fois rentré chez lui en somme...
On est saisi par les mots d'Adeline Dieudonné dès les premiers moments de lecture, et on reste captivé jusqu'au dénouement. 

Un moment lecture saisissant, dont on ne ressort pas indemne. 



lundi 4 avril 2022

Bella Ciao

 


Synopsis

Mars 1946. Dans une luxueuse voiture avec chauffeur, Mrs. Giulia Masca revient dans son petit village du Piémont.
Des années plus tôt, seule, enceinte et sans le sou, elle quittait la filature où elle travaillait depuis l'enfance et s'embarquait sur un paquebot à destination de New York. Sans un mot d'explication pour Anita, sa meilleure amie, ni pour Pietro, son fiancé. L'Amérique allait lui donner sa chance et la soulager d'un secret trop lourd à porter.
L'Italie qu'elle retrouve a traversé deux guerres mondiales, vécu le fascisme et la guerre des partisans. Des années de batailles et d'espoir qui ont fait de Giulia une étrangère. Mais peut-on oublier d'où l'on vient ? C'est parmi les siens que Giulia pourra se réconcilier avec son passé.
Raffaella Romagnolo construit la fresque poignante et sincère de l'Italie de la première moitié du XXe siècle à travers le destin de deux amies séparées par un douloureux secret. Un récit choral, qui retrace avec talent « une histoire italienne », entre épopée féminine et saga familiale.

En mars 1946, Giulia Masca, enfant du pays, revient dans son petit village du Piémont après tant d'années. Elle y retrouve des boutiques pauvres, des cafés, rien de comparable avec la Cinquième Avenue qu'elle connaît bien. Mrs Giulia Masca rase les murs, vérifie au passage son reflet dans les vitrines... Se pouvait-il que 45 ans n'aient pas suffi à dissiper son malaise ? 

45 ans, c'est le nombre d'années éloignant Giulia du jour où elle est partie de ce petit village du Piémont, son village. Partie seule, sans un sou, et enceinte. 45 ans qu'elle a quitté son village, la filature où elle travaillait, sa meilleure amie Anita, son ex fiancé Pietro. Sans un mot pour eux, sans aucune explication. Personne au village n'a su où était partie Giulia. 

Giulia avait embarqué sur un bateau en partance pour New York. L'Amérique allait lui donner sa chance et la soulager d'un trop grand secret, trop lourd à porter. Il lui a fallu un sacré courage pour tout quitter et s'embarquer. 

L'Amérique. Son destin... 

Quel a été le destin d'Anita, sa meilleure amie, de Pietro son ex-fiancé. Giulia ne sait pas ce que cela lui ferait de les revoir. En serait-elle secouée ? Se noierait-elle dans le regret ? A t-elle eu du courage ou de la lâcheté à s'enfuir ? 

L'Italie que Giulia retrouve a vécu deux guerres mondiales, mais aussi le fascisme et la guerre des partisans. Etrangère à tout ça, Anita, Pietro, et les autres, eux l'ont vécu. Des années de batailles.

Une plongée dans ses souvenirs, ceux d'Anita, de Pietro, et des autres, pourront peut-être permettre à Giulia de se réconcilier avec son passé, avec l'Italie. Mrs Giulia Masca redécouvre l'Italie avec son fils, après deux guerres mondiales.

Magnifique lecture !!

Magnifique et intense lecture, et plus j'avançais dans ma lecture plus j'avais du mal à la quitter. Une fresque émouvante, intense, sur l'Italie qui a traversé deux guerres mondiales, qui a vécu le fascisme et la guerre des partisans. Le titre "Bella Ciao" en est d'ailleurs le titre d'un chant de révolte italien célébrant l'engagement dans le combat mené par les partisans. 

On remonte le passé grâce aux souvenirs de Mrs Giulia Masca mais aussi de ceux qu'elle a connu pendant sa jeunesse.

Un roman très féminin puisqu'on y découvre le destin de femmes sur toile de fond de l'Italie au cours de la première moitié du XXe siècle. 

On passe du présent au passé, mais aucune crainte à avoir sur cette chronologie, je ne me suis absolument pas sentie perdue.

Le destin de ces femmes est particulièrement émouvant. Le récit est puissant, percutant, et on a entre les mains une fresque magistrale de l'Histoire avec un grand H de l'Italie dans cette première moitié du XXème siècle. Tant de choses vécues, de malheurs, de douleurs, de combats.
A côté de cela, on vit aux côtés de deux familles que tout sépare et pourtant. On suit ce qu'il se passe en Italie, aux côtés d'Anita, de Pietro, et des autres. Et on suit ce que vit Giulia du moment où elle fuit les siens, emportant avec elle son secret. Sa fuite vers l'Amérique, vers son destin, vers un pays qui lui donnera une chance, sa chance. Une ville inconnue pour elle, New York qui accueille des émigrés Italiens comme Giulia. 

Les émotions sont palpables tout au long du roman, j'ai été énormément touchée par le personnage d'Anita, plus que celui de Giulia même. Anita a vécu tellement de malheurs tout en restant combative, courageuse. On ne peut que souffrir à ses côtés, à ce qu'elle vit au fil de ces années de guerres. 
Comme je vous le disais c'est une histoire de femmes, des femmes fortes mais humaines aussi avec leurs peurs, leurs doutes, leurs failles, leurs amours. 
On y retrouve également des hommes menant le combat aux côtés de ces femmes qui ne lâchent rien. On ne peut qu'être ému sur le vécu de ces familles, ces femmes, ces hommes, ces enfants. 

La période historique est extrêmement intéressante, superbement mise en mots par Raffaella Romagnolo. Une période marquée par la mort, la faim, la peur, mais aussi l'envie de résister, le courage, le combat. Historiquement parlant c'est riche, intense, percutant. 

Les mots sont superbes. Délicats, et pourtant on y retrouve la mort, le combat, le deuil. Raffaella Romagnolo nous offre une superbe fresque poignante de l'Italie avec une saga familiale magnifique et le destin de deux amies séparées par un secret. 
Le roman est construit à la façon d'un récit choral, qui nous permet de tout vivre à la fois en Italie et en Amérique. Et croyez-moi, on en vit des émotions !! Les premières pages de lecture peuvent paraître perturbantes car au coeur d'un chapitre, on peut passer d'un lieu à un autre c'est à dire de l'Italie à New York. Mais pas d'inquiétude, on s'adapte très vite, et je ne me suis pas sentie perdue. 
Les émotions que l'auteure nous offre à travers ses mots sont saisissantes, et les scènes vécues dans ce roman peuvent parfois être plus que poignantes. 

Pour conclure, un mot sur cette magnifique couverture en noir et blanc relevé d'une touche de bleu dans le titre. Tout simplement superbe. 

Superbe épopée féminine, je ne peux que vous recommander cette saga familiale remplie d'émotions et riche d'un point de vue historique.


Merci aux Editions Albin Michel pour cette lecture.