mercredi 24 avril 2024

Je suis venue te dire

 


"Je me demande à quel moment j'ai compris que ces grands serments n'étaient que de jolies phrases qui font plaisir sur l'instant et qu'il n'y a jamais de suite ? Et à quel moment j'ai commencé à confondre les promesses foireuses de mon géniteur avec toutes les autres ?"


Rose, 28 ans, revient à Chantilly, sa ville natale, après 10 ans d'absence. Cette fois-ci, son géniteur ne pourra pas s'enfuir. Elle compte bien se décharger de tout ce qui lui pèse sur le coeur pour enfin se construire et aller de l'avant. Régler ses comptes pour partir sur la route de sa vie. De toutes ces choses crues lorsqu'elle était enfant, et toutes ces rancœurs qu'elle garde en elle à l'âge adulte. 

Mais lorsqu'elle revient, oh surprise...elle découvre que ce père tant haï est hospitalisé en soins palliatifs et qu'il est incapable de répondre à toutes les questions qu'elle avait à lui poser. Il ne peut que l'écouter. 

Rose saura t-elle néanmoins se libérer ? 

Et, comment pardonner quand on s'est construit sur de la colère ? 
Quel beau roman !

Mon 1er roman de l'autrice et j'ai été touchée par cette histoire avec un thème sur la relation père/fille. Une relation fracturée par des non-dits.

Que d'émotions à la lecture du roman. L'histoire de Rose et cette relation père/fille est touchante et à la fois le roman fait du bien. J'ai trouvé que les émotions traversées étaient vraies, justes. J'ai aimé également l'évolution que Cynthia Kafka a donné à ses personnages. 

Les personnages sont attachants, remplis de sensibilité. Le personnage de Rose s'est, depuis sa plus tendre enfance, fabriqué une carapace pour affronter le monde. Mais si on gratte un peu cette carapace, on découvre une jeune femme fragilisée par ce passé, avec des rancœurs gardées en elle. 

L'amitié tient ici un rôle important, et on découvre des personnages secondaires très agréables, que l'on n'a pas envie de quitter. Beaucoup de soutien apporté à Rose grâce à cette amitié autour d'elle, et ça c'est satisfaisant également à la lecture.

Les thèmes sont riches, je n'en dirais pas trop pour ne rien vous dévoiler. Juste vous dire que, autant dans le roman que dans la vie réelle, les non-dits peuvent fragiliser les êtres, que les extérioriser peut parfois avoir du bon pour avancer, que le pardon peut avoir une grande importance. 

Ici, les traumatismes de Rose sont délicats, la cause en est son père. Alors, comment renouer avec ce passé, comment trouver le courage...pour avancer enfin. Surtout que Rose attendait beaucoup quant à des réponses de son géniteur, qu'il ne pourra donner on le sait depuis le début du roman... Tout le sujet tient alors dans le développement que l'autrice a réussi à manier parfaitement. 

J'ai beaucoup aimé la plume de Cynthia Kafka, que je découvre. Une plume sensible, elle nous transmet très bien les émotions vécues par les personnages, des émotions vraies et profondes. Les thèmes sont forts autour de cette relation père/fille et pourtant l'autrice a réussi à nous faire ressentir, lorsqu'on referme le livre, de la délicatesse, du réconfort...grâce à ses mots, grâce aux personnages qu'elle a su rendre attachants.

J'ai hâte désormais de découvrir les autres romans de l'autrice. 

Je ne peux que vous recommander ce beau roman. 

 

vendredi 19 avril 2024

Si c'était à refaire

 


Andrew Stilman vient tout juste de se marier avec celle qu'il avait rencontrée il y a quelques années maintenant et pour qui, à l'époque, il avait déjà craqué. Une femme qu'il avait perdue de vue depuis longtemps pourtant. 

De son métier, Andrew est reporter au New York Times. Et on lui confie toujours des enquêtes importantes. L'une d'entre elles est capitale pour sa carrière.

Le lendemain de son mariage, lors de son footing sur son parcours habituel, Andrew est victime d'une agression et perd connaissance dans une marre de sang. Lorsqu'il reprend connaissance, il se retrouve 2 mois plus tôt, avant son mariage... 

Comment est-ce possible ?! Lui-même ne peut y apporter une explication. Il ose tout de même en parler à son meilleur ami. 

Il lui reste désormais 2 mois avant de trouver à la fois son assassin et le motif de son agression, et à la fois mener tambours battants son enquête déterminante qui le précipitera à Buenos Aires en Argentine. Et pour mener à bien son enquête, il va devoir remonter le passé et faire resurgir des faits historiques qui se sont produits en Argentine. 

S'engage alors pour lui une course contre la montre.
Romance et aventure. 

Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas plongée dans un roman de Marc Levy, alors j'ai sorti celui-ci qui se trouvait dans ma pile à lire depuis un petit moment.

Un roman mêlant aventure et romance. Bien que le côté romance ne m'est pas plus que ça fait vibrer car je l'ai trouvée assez banale et assez plate mais ça n'est que mon avis personnel. 

Suspense et passion, je dirais que le côté aventure/enquête est plus fort ici que la passion. On peut ajouter également au suspense et à la passion, un côté paranormal avec une remontée dans le temps de 2 mois que va vivre le protagoniste du roman après avoir été victime d'une agression. 

On assiste donc à une course contre la montre qui va durer 2 mois (jusqu'à la scène d'agression) et le personnage principal va donc devoir mener 2 enquête en parallèle : trouver son meurtrier et mener à bien une enquête capitale pour son métier de journaliste. Y a-t-il un lien entre les 2 ? C'est ce que l'on va découvrir petit à petit et je dois dire que les 2 enquêtes s'assemblent bien. Qui en a voulu à sa vie et pour quel motif ? C'est ce que l'on va tenter également de découvrir, et Marc Lévy nous fait douter de tous, même de la récente épouse du personnage. 

Un protagoniste qui quitte New York pour Buenos Aires, en Argentine, où le côté aventure est bien présent. Dans cette fiction, l'auteur a intégré des faits historiques réels que j'ai trouvé intéressants à suivre car bien introduits dans la fiction. Des faits historiques que j'avais occultés de ma mémoire et pourtant appris lorsque j'étais étudiante : la Révolte des Mères de Mai. Une association de mères dont les enfants ont disparu sous la dictature en Argentine, enfants volés dont les mères n'ont jamais retrouvé leurs traces ou si peu. 

Le côté paranormal et le côté aventure m'ont donc plus séduite que le côté romance. Romance dans laquelle je n'ai pas été transportée à l'inverse. 

En bref, une lecture que j'ai apprécié en découvrant un fait historique étranger, mais une lecture 
qui ne restera pas parmi mes plus plaisantes des romans de Marc Levy. 

mercredi 17 avril 2024

Deux soeurs

 



"Au tout départ, Mathilde perçut quelque chose d'étrange sur le visage d'Etienne. C'est ainsi que l'histoire commença d'une manière presque anodine ; n'est-ce pas le fait de toutes les tragédies ?"

Mathilde, la trentaine, est heureuse avec Etienne. Professeure de français appréciée de tous, autant de ses élèves, que du corps enseignant. Elle et Etienne prévoient même de se marier, suite à la demande d'Etienne lors de leur voyage en Croatie l'été dernier.

Rien ne pouvait prévoir la suite. Etienne quitte Mathilde brutalement, sans préambule et immédiatement. 

Mathilde s'effondre alors face à cette annonce, et n'arrive pas à se relever. Elle est traversée par toutes les émotions : la stupeur, l'incompréhension. Et bien entendu, c'est dans la normalité, elle va vouloir savoir pourquoi Etienne la quitte.
Vient ensuite l'abattement, l'effondrement, un mal être et un vide qui s'installent autour d'elle. 

Une douleur la prend de toutes parts, et petit à petit elle sombre sans pouvoir se relever. 

Elle est alors recueillie par sa sœur Agathe, qui lui ouvre les portes de son petit appartement où elle vit avec son mari et leur fille.

Mais ce huis-clos familial devient alors étouffant, et Mathilde révèle une toute autre personnalité que celle qu'on lui connaît. Inattendue...   
Il me faut découvrir plus David Foenkinos. 

Quelle belle surprise avec ce roman. Je me suis laissée emporter du début à la fin. Et quel final !!

Jusqu'où l'amour passionnel peut-il pousser les gens et changer leurs attitudes... 

Sur ce roman, il faut en révéler le moins possible et se laisser surprendre. 

Un roman sur la séparation, sur le deuil amoureux, et l'amour passionnel. Des sentiments d'incompréhension, de mal être, jusqu'à un effondrement de la personne. Je ne peux rien vous révéler sur les situations que Mathilde va vivre, mais tout ça va l'entraîner vers des faits dramatiques dans son quotidien et notamment dans sa vie professionnelle. Comme quoi, l'auteur montre ici jusqu'où ces sentiments de mal être peuvent amener une personne sur une pente descendante. Et peuvent amener également vers un changement d'attitude, de personnalité.

Il y a un certain côté d'inconfort au fur et à mesure de la lecture du roman, dans ce huis-clos familial entre Mathilde, sa sœur Agathe, son mari et leur enfant. Un huis-clos perturbant où l'on assiste à l'effondrement de Mathilde et à son changement de personnalité difficile à gérer pour chacun. 

Je me suis sentie happée de plus en plus au fil de ma lecture, en m'immiscent moi aussi dans ce huis-clos. La cohabitation est éprouvante. On entre dans le côté psychologique de chacun, j'ai trouvé ça très intéressant. Le thème du deuil amoureux peut prendre, comme ici, des proportions intenses. Comment s'en relever...

L'auteur nous prend par surprise grâce à des rebondissements et à un final...je ne vous dis pas. J'ai été captivée tout au long du roman, à la fois par la tournure des choses, par les personnages, par l'analyse psychologique d'une passion amoureuse mais aussi des démons qui peuvent en émerger, comme ici.

Agréablement séduite par cette découverte.

 

lundi 15 avril 2024

La vie rêvée des chaussettes orphelines

 


2018, Alice, célibataire, a mené une brillante carrière dans la finance à New-York. 

Mais aujourd'hui, Américaine fraîchement débarquée à Paris, et bien qu'elle affiche une façade de femme heureuse, Alice n'a qu'un objectif : se reconstruire. 

Car oui, sous cette façade se cache bien des souffrances. Alice ne dort plus sans somnifères, elle souffre de troubles obsessionnels compulsifs, et elle collectionne les crises d'angoisse. 

Elle se retrouve sans emploi à Paris, et est prête à accepter n'importe qu'elle poste pour payer son loyer. Même un poste qui n'a rien à voir avec son ancien métier, dans une start-up dirigée par un jeune PDG très fantasque et ayant un projet bien étonnant... Il veut réunir les chaussettes dépareillées de par le monde via une application qu'il souhaite créer et vendre.

Repartir de zéro et se reconstruire, c'est dont à besoin Alice. Elle ne le sait pas encore, mais cette ville inconnue va bouleverser sa vie. Pendant ce temps, on a l'occasion de remonter le temps et de lire les pages de son journal intime qui débute un 20 août 2011.... 
Emotion au rendez-vous.

Alors que le dernier roman de Marie Vareille est sorti il y a 1 mois environ en librairie, La dernière allumette, je me suis plongée avec plaisir dans La vie rêvée des chaussettes orphelines

Un roman où l'humour se mélange parfaitement au côté dramatique. Car oui, on rencontre un personnage en souffrance : Alice. Une jeune femme fracturée que j'ai pris plaisir à rencontrer. On s'attache à elle, on a envie de lui apporter notre soutien dans son quotidien. 

Pour mieux comprendre cette jeune femme, l'autrice a choisi une narration en alternance entre la vie présente du personnage en 2018 et un journal intime qui démarre un 20 août 2011. Ce moyen de narration entre journal et vie réelle, nous permet de comprendre les émotions qui traversent cette jeune femme. Comprendre ses angoisses actuelles, ses troubles compulsifs du comportement.  Ils sont là, dû à un trop plein d'émotions vécu dans le passé et ces troubles et angoisses occasionnent une grande souffrance de la jeune femme. On revit alors son passé. 

Marie Vareille retranscrit bien les angoisses du personnage, on vit et comprend petit à petit ses émotions et pourquoi elle est atteintes de troubles obsessionnels et de crises d'angoisse. 

L'histoire est belle, émouvante. Il y est question d'une histoire de famille, et plus précisément une histoire de soeurs. Mais je n'en dirais pas plus.

J'ai adoré les personnages. Personnages entiers, vrais. On y découvre des sentiments d'amitié, de soutien, de solidarité, d'amour, et tant d'autres encore...

Sous son air et son titre plutôt léger, ce roman cache en fait des thèmes profonds, intenses, et cache un drame qu'il vous faudra découvrir. On ne peut qu'être touché par ce roman et l'histoire de cette jeune femme.

Une belle écriture, mêlant humour et sensibilité. Une narration que j'ai aimé entre journal intime, et vie à l'instant T du personnage. On y fait également, tout comme le personnage d'Alice, de belles rencontres.

J'ai adoré ce moment lecture que je ne peux que vous conseiller, 
et j'ai tellement hâte de découvrir également le dernier roman de Marie Vareille 
car elle sait mettre en avant les sentiments de la vie. 



mardi 9 avril 2024

Que ton règne vienne

 



"Mon père est un gangster moderne. Il m'a donné la vie et l'a ouverte au cran d'arrêt."

2013, Paul enterre son père Jean-Paul. Un homme à la prestance inégalable. Une figure qui a plané sur la vie de son fils, une figure écrasante.

Déjà en 1980, Paul disait de son père : "C'est toute une histoire mon père".

Deux ans après l'enterrement, nous sommes en 2015, Paul revient progressivement à la vie après une dépression. Toujours soutenu par son ami d'enfance, Oscar. Ensemble, ils ont fait le tour du monde de l'amitié. Oscar a toujours été présent dans la vie de Paul. Oscar est homosexuel et prépare son mariage et l'arrivée d'un enfant. 

Pourquoi cet amour filial de Paul envers son père l'a entraîné vers une dépression ? 
J'ai enfin découvert la plume de Xavier de Moulins

Avec un roman qui m'a plu. Un roman difficile à résumer, de peur de trop en dire. 

Un roman où la nostalgie des années 80 nous gagne. 

Pourquoi l'amour filial de Paul envers ce père à la prestance inégalable l'a t-il entraîné vers la dépression à la mort de celui-ci ? Il faut tourner les pages du roman pour le comprendre. 

De nombreux thèmes sont abordés ici : le lien filial, la famille, le mensonge, l'amitié, la dépression, l'homosexualité, les mères porteuses, la mort... 

On vogue entre les années, depuis 1979 et les années 80 (l'enfance du narrateur) jusqu'en 2013 (au moment de l'enterrement du père du narrateur) et 2015 (après sa dépression), dans une alternance de chapitre datés. La nostalgie est présente, on replonge dans les années 80. Il y a même un brin de mélancolie je dirais même. 

C'est un hymne à l'amitié, avec cet ami fidèle de toujours, Oscar. 
C'est un hymne à l'image du père. 
Des portraits d'hommes, de familles aussi sous différents modèles, magnifiquement écrits. On y aborde l'homosexualité, la parentalité via les mères porteuses. Il n'existe pas un seul modèle de familles. Il y a des divorces, des remariages... L'auteur aborde en effet des portraits d'hommes, et des portraits de familles. 

On ne peut qu'être touché par l'écriture de l'auteur. Les chapitres sont courts, directs. Le roman se lit rapidement et pour ma part je n'avais pas envie de le quitter avant d'atteindre la fin. Connaître enfin le pourquoi du comment. 

Un roman que j'ai pris plaisir à découvrir.



vendredi 5 avril 2024

Ce que murmure le vent

 




"Le vent et l'eau connaissent tous les secrets de la Terre. Ils ont vu et entendu tout ce qui a été fait et dit. Et si tu écoutes, ils te raconteront les histoires et te chanteront les chansons. L'historie de tous les gens qui ont vécu. Des millions et des millions de vie."

Anne vit aux Etats-Unis et a grandi avec les souvenirs d'Irlande de son grand-père Eoin. Une Irlande qu'elle a toujours imaginée par les histoires de celui-ci car son grand-père a toujours refusé de l'y emmener. Une Irlande qu'elle imagine à travers les mots de son grand-père, ses histoires, mais aussi les quelques photos de famille qu'il lui dévoile peu avant sa mort.

Pourquoi a-t-il attendu si longtemps avant de lui montrer ces photos de famille ? Des photos qui bouleversent Anne car sur certaines photos, ses ancêtres féminines lui ressemblent comme 2 gouttes d'eau et elle à l'impression de se voir... 

A sa mort, il lui fait promettre de répandre ses cendres sur le lac de Lough gill, en Irlande, là où il a grandi. 

Anne est très émue d'être arrivée sur la terre de ses ancêtres, enfin elle foule la terre d'Irlande. Malheureusement ça n'est pas aux côtés de son grand-père. Lorsqu'elle se retrouve sur une barque, au beau milieu du lac Lough Gill, avec dans les mains l'urne contenant les cendres de son grand-père, Anne se retrouve dans une situation qu'elle ne peut expliquer. Elle est, d'un coup, entourée de brume, et quelqu'un l'attaque...

A son réveil, c'est à n'y rien comprendre...Anne est projetée en 1921, elle est blessée, et le petit garçon qu'elle rencontre et qui se nomme Eoin n'est autre que son grand-père, enfant. Elle est recueillie par Thomas Smith, l'homme qui a élevé Eoin. 

Comment peut elle s'expliquer ce phénomène ? Va-t-elle se réveiller dans sa vie qui était la sienne ? 
Foulons les terres irlandaises.

Merveilleuse histoire qui nous transporte dans un voyage imaginaire et dans le temps sur les terres irlandaises. Et je ne voulais pas refermer ce livre.

Un joli mélange entre présent et passé. L'histoire d'Anne vivant aux Etats-Unis qui a grandi aux côtés d'un grand-père qui a sans cesse parlé de son enfance, de ses ancêtres, de sa terre natale. L'Irlande.

Un récit plein d'émotions, avec des moments intenses que partagent les personnages, notamment dans des moments qui ont marqué l'Histoire de l'Irlande. Le roman est riche du point de vue historique et les faits historiques sont marquants. Nous sommes en 1921, lors de la Guerre d'Indépendance de l'Irlande. 
Du présent, nous traversons le temps pour remonter à cette époque, tout comme le personnage d'Anne. Un brin de fantastique dans ce roman historique puisque le personnage principal, Anne, est projetée dans une remontée dans le temps tout en étant toujours elle. Elle va alors côtoyer des ancêtres, côtoyer son grand-père enfant. Elle ne peut dire qui elle est vraiment...personne ne la comprendrait... 

Les émotions qui traversent Anne sont beaux, forts. 

J'ai aimé le développement des personnages, je l'ai trouvé intéressant à suivre. Personnages que l'on n'a pas envie de quitter...

Côté historique, c'est riche comme je vous l'ai dit, on apprend pas mal sur cette période historique en Irlande. Guerre anglo-irlandaise, 1919 - 1921.

La plume est jolie, immersive, pleine de sensibilité.  

Un roman qui ne me lâchera pas de sitôt, très beau roman historique
rempli de secrets de famille et de romance.


mardi 2 avril 2024

L'Agence - ou L'Agence Changer Tout

 



Juliette Forestier, 29 ans, est journaliste parisienne et elle élève seule son fils de 10 ans, Adrien. 

Depuis la mort accidentelle de ses parents, elle élève également sa jeune soeur Alice. Elle n'avait que 5 ans à l'époque où cela s'est produit, et aujourd'hui Alice est âgée de 15 ans. 

Juliette mène une vie sage entre son emploi, son fils pour lequel on a diagnostiqué récemment un diabète. Juliette fait tout pour lui, pour qu'il apprenne à gérer sa maladie, calculer les doses d'insuline nécessaires. Elle fait tout également pour sa jeune soeur, Alice, avec qui elle a beaucoup de mal à parler de la mort de leurs parents. D'ailleurs, Alice accuse sa sœur d'être à l'origine de la mort de leurs parents et Juliette en est bouleversée et le vit mal. Et comme elle dit : "Elle a beau s'appeler Alice, vivre avec elle n'est pas faire du tourisme au pays des merveilles." En effet, Alice ne fait que se rebeller auprès de sa soeur qui l'élève depuis 10 ans.

Entre tout ça, Juliette ne pense pas beaucoup à elle. 

Par le biais du hasard, Juliette retrouve son amie d'enfance, Sarah, anglaise, qui, à la grande surprise de Juliette, vit désormais avec son compagnon dans le Gers. Cette région, elle la connaît bien. C'est là où elles passaient autrefois leurs vacances dans la maison de la grand-mère de Juliette. Juliette n'a jamais remis les pieds dans le Gers depuis la mort de sa grand-mère. 

Alors, lorsque Juliette perd son emploi et qu'elle ne sait comment elle va subvenir au besoin de son fils et sa soeur en plus de payer le loyer parisien, Sarah la persuade de venir la rejoindre dans le Gers et de s'associer avec elle pour créer une agence. L'agence "Changer tout". 

Une agence pour aider les gens qui le souhaitent à changer de vie en organisant pour eux une nouvelle vie clé en main. 
Nouvelle vie.

Une jolie histoire avec ce roman de Lorraine Fouchet, L'Agence, réédité en 2023 sous le titre : L'Agence Changer tout.

Une histoire autour du changement de vie. Un changement de vie, oser changer de vie... pas forcément évident pour chacun. Et j'ai trouvé ce roman agréable et bienfaisant. 

Un roman qui se dévore tellement on y est bien parmi des personnages attachants et au coeur d'une région en symbiose avec la nature. Une région que l'on a envie de parcourir. 

Des personnages attachants oui, tous autant qu'ils sont. Et vrais, si bien que l'on peut facilement s'identifier à eux. Des personnages chez qui la maladie est présente : le diabète diagnostiqué chez le fils du personnage principal, Juliette. Et cette maladie est fort bien décrite tout au long du roman, avec ses contraintes. Des personnages chez qui on doit surmonter le deuil également : avec la mort accidentelle des parents de Juliette et Alice. Un contexte difficile car ici, Juliette a dû élever sa jeune soeur alors âgée de 5 ans au moment des faits. Un deuil difficile pour les 2 soeurs, l'une se sent responsable de la mort de ses parents, l'autre accuse sa soeur d'en être la cause. 

Le temps de parole entre les 2 soeurs est difficile et pourtant il y a un abcès à crever pour avancer... 

Autre thème également dans ce roman : la perte d'un emploi. Un fait qui engendre bien des choses, notamment ici le fait de ne plus pouvoir payer un loyer parisien beaucoup trop cher. Ce qui amène à prendre des décisions, changer de vie.... Un thème intéressant.

Un roman riche comme vous pouvez le voir. Surtout qu'il y a des secrets de famille à découvrir !

J'ai beaucoup aimé la relation amicale entre Juliette et Sarah même si elles se sont perdues de vue pendant quelques années. 

Une seule remarque peut-être à faire sur ce roman, édité tout d'abord en 2003, on y retrouve des codes datant de cette époque notamment au sujet d'internet où dans le roman on est en mode ADSL... mais c'était d'époque. Il y a un  petit côté d'un autre temps, mais c'est charmant. 

On ne s'ennuie pas un instant et je n'avais pas envie de quitter les personnages de ce roman.

Un bon moment livresque, qui fait du bien.



dimanche 31 mars 2024

Bilan Lectures - Mars 2024

 




Bilan du mois de Mars.


Le traditionnel bilan lecture, celui du mois de mars qui s'est déjà envolé... 

De bonnes lectures au compteur, même si je n'ai pas eu de réel coup de coeur au cours de ce mois de lecture. Je compte   romans lus, donc un mois bien rempli et j'en suis contente. 



Voici le détail de mes lectures : 


Parmi mes 2 meilleures lectures de ce mois, il y a La vie rêvée des chaussettes orphelines, de Marie Vareille. Très bon moment livresque avec son lot de surprises. (Chronique en préparation)

Ma 2ème meilleure lecture du mois, Ce que murmure le vent d'Amy Harmon. Le point central est l'Irlande, 
un roman historique riche. (Chronique en préparation)

Que ton règne vienne, de Xavier de Moulins. Une belle découverte avec ce roman, et j'ai enfin découvert 
la plume de Xavier de Moulins. (Chronique en préparation)




Un total feel-good avec le roman de Lorraine Fouchet : L'Agence. Roman fait pour ceux qui recherchent 
une lecture réconfortante. (Chronique en préparation)

Si c'était à refaire, de Marc Levy. De l'action et un brin de romance.  (Chronique en préparation)




Deux soeurs, de David Foenkinos. Il est de lire les mots de David Foenkinos. Un huis-clos familial dérangeant,
 sur le deuil amoureux. (Chronique en prépation)

Du jeunesse, avec Théodore Boone T1 - Enfant et justicier, de John Grisham. (Chronique en préparation) 

Un avis mitigé avec La mort entre ses mains d'Otessa Moshfegh. Je suis passée à côté. (Ma chronique : ICI



Un mois bien rempli avec ces 8 romans. 

Et vous ? Qu'avez-vous lu ?



jeudi 28 mars 2024

Un bûcher sous la neige

 



XVIIe siècle, au coeur de l'Ecosse. Derrière les barreaux de sa geôle, Corrag attend le bûcher. 

Corrag est accusée de sorcellerie, elle vit ses derniers jours derrière les barreaux d'une prison putride. 

Depuis sa plus tendre enfance, et comme sa mère avant, Corrag a toujours été traitée de sorcière, ou d'autres noms : gueuse, putain, malfaisante, saleté...

Elle attend sa mort et se demande qui se souviendra d'elle... Qui se rappellera son vrai nom à force de l'appeler sorcière ? Car "sorcière" est ce qu'ils crieront pendant qu'elle mourra sur le bûcher ! Et Corrag, ne veut pas que l'on ne se souvienne pas d'elle, elle Corrag. Corrag ne veut pas mourir.

Le révérend Charles Leslie, venu d'Irlande, souhaite recueillir le témoignage de cette femme qu'il ne connaît pas. Pourquoi recueillir son témoignage ? Car elle serait la seule témoin d'un massacre qui a eu lieu dans les Highlands, et le révérend Leslie souhaite connaître enfin son commanditaire. Alors, malgré la crasse, la peur d'être contaminé par la vermine, le froid de cette geôle sombre, le révérend Leslie rend visite chaque jour à Corrag pour écouter son récit. Il lui rend visite chaque jour car l'heure de Corrag ne viendra que lorsque la neige aura fondu. Pour l'heure, on installe petite à petit le bûcher. 

Gros coup de coeur pour ce roman historique !

Un roman dont j'avais, auparavant déjà, entendu beaucoup de bien et je comprends pourquoi désormais. 

Un récit magnifique, totalement captivant, et une plume immersive. Que demander de plus ! 
Une ode à l'amour, une ode aux paysages sauvages écossais.

Aux côtés d'un homme venu chercher la vérité, un homme d'église, le révérend Leslie, on écoute la voix de Corrag  nous raconter son histoire jusqu'à l'heure d'un horrible massacre. Un massacre d'un clan tout entier, où l'on murmure qu'il aurait été commis par des soldats. On assiste alors au récit captivant de cette femme, petite oui, mais d'une force et d'un courage incroyable. On se prend automatiquement d'attache pour cette femme repoussée sans cesse par autrui, aux dires qu'elle serait une sorcière parce qu'elle sait soigner avec des plantes, parce qu'elle sent les choses de la nature...

Le récit alterne la voix de Corrag racontant sa vie au révérend Leslie car pour comprendre le moment où a lieu le massacre il faut qu'elle lui raconte sa vie avant cela ; et des lettres écrites de la main du révérend à son épouse lui racontant ce qu'il apprend petit à petit et les émotions qui le traverse aux côtés de cette femme pour qui, lors de sa rencontre, et en tant comme d'église, il n'a pas beaucoup d'amitié envers cette femme "sorcière". 

On alterne alors les périodes tout au long du roman entre le passé avec la vie de Corrag, et le présent alors qu'elle est enchaînée dans une prison putride. 

La voix de Corrag est passionnante. La plume de l'autrice est magnifique, poétique, descriptive pour nous faire ressentir le visuel des paysages sauvages d'Ecosse où pourtant la vie est austère, mais aussi mettant en scène tous les autres sens : les odeurs, les bruits... On hume les Highlands et c'est d'une grande beauté. Corrag vit en harmonie avec la nature, on le ressent totalement et que c'est beau !

On retrouve aussi des thématiques fortes et passionnantes. 

Le côté historique est riche et superbement conté. Les légendes de sorcellerie sont bien sûr au cœur du roman, les conflits politiques et religieux aussi.

C'est pour ma part une magnifique découverte, magnifique lecture passionnante et enrichissante. Un roman que je prendrais plaisir à relire et relire encore.

Je vous invite tout simplement à écouter la voix de Corrag, à découvrir ce magnifique roman historique, 
et cette plume incroyable. Ce roman ne me lâchera pas de sitôt.


lundi 25 mars 2024

La mort entre ses mains

 


Vesta a 72 ans, est veuve, et vit recluse dans une cabane au beau milieu d'un ancien campement qu'elle a acheté. Un lieu perdu parmi des hectares de forêt et un lac. 

Une solitude qu'elle partage avec son chien, Charlie. 

Elle a d'ailleurs avec lui un rituel : une promenade à l'aube dans la forêt de bouleaux. 

C'est lors de l'une de ces promenades, que Vesta tombe sur un message écrit à la main, un papier posé au sol et calé par des cailloux. Sur ce mot est écrit : "Elle s'appelait Magda. Personne ne saura jamais qui l'a tuée. Ce n'est pas moi. Voici son cadavre."

Mais à côté de ce mot, pas de cadavre. Pas de tache de sang. 

A partir de ce moment, une obsession va monter en Vesta. Résoudre ce mystère. Pourtant, elle ne veut pas en faire part à la police. 

Mais elle doit découvrir qui était Magda. Ensuite, découvrir qui l'a tuée. 

A mesure que Vesta avance dans ses raisonnements, les zones sombres de son passé remontent à la surface...

Avis mitigé aujourd'hui.

Avis mitigé et pourtant la lecture du synopsis partait plutôt bien. Mais voilà je suis passée à côté.

J'ai trouvé le roman troublant dans le sens où l'on ne vogue que dans l'esprit et les pensées du personnage de Vesta, cette femme de 72 ans, qui vit dans sa solitude. Et ses pensées sont confuses, entre l'énigme de ce mot trouvé par terre dans une forêt dont elle est propriétaire, et son passé qui refait souvent surface à sa mémoire alors qu'elle est en pleine recherches sur l'énigme qui entoure ce mot trouvé au sol. Son espace mental est continuellement en effervescence. 

Et je pense que le fait de n'être que dans l'esprit de Vesta, côté narratif, m'a quelque peu déconcertée et je n'ai pas réussi à me connecter à l'histoire qui pourtant partait bien. Au bout d'un moment, j'ai trouvé que l'on partait sur une forme de soliloque et j'ai trouvé ça long... et malheureusement la fin du roman ne m'a pas plus emballée car je n'ai pas ressenti le fait d'avoir eu une réponse à l'intrigue...

Chez Vesta, on ressent de l'amertume, une souffrance de son vécu dans le passé. Un personnage qui peut être intéressant par contre. 

Ce qui m'a déroutée, c'est plus le style pas vraiment fait pour moi en somme mais pour lequel je conçois est recherché. Il 'agit plus d'un roman basé sur les pièges de la solitude, et sur la solitude elle-même je dirais. Et non pas un thriller. 

En somme, un style d'écriture à découvrir certainement et je suis contente d'avoir découvert la plume 
d'Ottessa Moshfegh mais je suis passée à côté de ce roman.  



Merci aux Editions Le Livre de Poche pour cette lecture



jeudi 21 mars 2024

Je sais pas

 





Une cour d'école où l'agitation est à son comble. Et pour cause, c'est le grand jour aujourd'hui : la sortie en forêt de l'école maternelle Les Pinsons.

Bruno, le prof de gym, Eliane, institutrice, Sandrine une surveillante de la garderie, Véronique la bibliothécaire, et Mylène, institutrice également, préparent les enfants à se diriger vers le car qui les accompagnera pour cette journée d'exploration en forêt. 

Tout se déroule pour le mieux malgré des petits coups de tension par moment.

Tout devait bien se passer...

Mais voilà, au moment du retour, une enfant manque à l'appel. Emma, cinq ans, a disparu. 

Bien sûr qu'à cinq ans on est innocent. 

Pourtant, il y a un dicton : ne dit-on pas qu'une figure d'ange peut cacher un cœur de démon ? 

Que s'est-il passé ? Camille et Patrick Verdier, les parents de la petite Emma sont affolés. 
Un coup de coeur !!!

Et je découvre enfin la plume de Barbara Abel, et quelle plume ! 

Happée dès les premiers instants de lecture, je n'ai plus eu envie de m'arrêter de tourner les pages de ce thriller psychologique. 

Attendez-vous à vivre des instants de lecture intense grâce à des rebondissements qui font monter la tension de l'intrigue. Un suspense présent en continue du début à la fin. 

Une ambiance glauque au coeur de cette forêt mais aussi au sein des personnages que l'on côtoie dans cette intrigue. On hésite sur eux, est-ce que quelqu'un parmi eux ment ? Je me suis posée plus d'une fois la question sur certains personnages mais je ne peux en dire davantage. 

L'intrigue est superbement menée du début à la fin et donne des frissons dans le dos. Machiavélique. 

Et si je vous dis qu'à 5 ans, on a forcément un visage d'ange comme l'enfant sur la couverture...qu'en pensez-vous ? 

Et bien à la lecture de ce thriller, ni gore ni sanguinolent, on reçoit une bonne dose d'adrénaline et Barbara Abel nous offre un récit palpitant. 

Des personnages énigmatiques, ça oui. Et très bien composés. 

Des mots, ceux qui composent le titre, qui reviennent souvent au coeur de l'histoire. 

"Je sais pas", pour moi ce sont 3 mots qui paraissent bien innocents en fin de compte, on ne répond ni par la négative ni par la positive. Pourtant...

Je ne peux que vous conseiller d'ouvrir et de découvrir ce thriller psychologique !