jeudi 7 avril 2016

Face à eux

 
Et si ceux que nous avons aimés revenaient à la vie ?




Auteur : Jason Mott
Traducteur : Jeanne Deschamp

Titre original : The returned

Editeur : Mosaïc
Collection : Roman
Roman - Surnaturel - Revenants - Drame - Famille -
Pages : 384
Parution : 4 Septembre 2013










Arcadia, petite ville du sud des Etats-Unis.

Des agents de l’AIR, l’Agence Internationale pour les Revenants, cognent à la porte de Lucille et Harold Hargrave, retraité. Aux côtés des agents, le fils du couple retraité, Jacob, 8 ans, mort il y a un peu plus de 50 ans le 15 août 1966 noyé dans le fleuve le jour de son anniversaire...
 
Harold Hargrave, maintenant âgé de plus de 70 ans, ne sait que penser bien évidemment. L’enfant, lui, aux côtéx des agents de l’AIR, réplique à son père la même blague qu’il lui a raconté le jour de son anniversaire il y a 50 ans...
 
Ce phénomène n’est pas inconnu de tous. Partout dans le monde, ce phénomène inexplicable se produit. C'est inconcevable même pour la population. Des morts, pas tous, réapparaissent parmi les vivants. Ils réapparaissent au même âge qu’au jour de leur mort. Ils se souviennent d’avant leur mort, mais aucun souvenir par contre sur leur passage dans l’au-delà.
 
L’AIR, l’Agence Internationale pour les Revenants, gère ce phénomène incompréhensible. On constitue des dossiers, il faut établir des états civils comme pour les vivants, et l’AIR reçoit à l’international des aides financières pour cette gestion.  L’AIR est la seule organisation de toute la planète capable de gérer et coordonner tous ces retours. Mais au sein de l’AIR, personne n’en savait plus que le citoyen lambda sur la vraie nature de ce phénomène. Elle se contente d’inscrire les noms sur un registre, de compter et d’envoyer les Revenants chez eux. Là s’arrêtait leurs compétences...
 
Malgré qu’ils connaissent déjà ce phénomène pour le voir chaque jour à la télévision lors des informations, Harold et Lucille sont stupéfaits de voir leur fils de 8 ans, mort, devant eux désormais.
Harold a du mépris pour ce fils revenant. Pour lui, il ne s’agit pas de son fils. Il est mort il y a 50 ans. Il le prend pour un « démon ». Pour Lucille, par contre, c’est le bonheur. Retrouver son fils est un don de Dieu. Le conflit est alors présent dans ce vieux couple.
 
Mais un peu partout dans le monde, ce phénomène fait pâlir les vivants. Ils ont peur car c’est d'une part incompréhensible et personne ne peut apporter de signification à cela. Certains parlent de Jugement dernier, d’Apocalypse et certains pensent qu’il s’agit d’émissaires du Malin.
 
Cela reste un véritable mystère et il est trop tôt encore pour faire une analyse sur la signification de ces évènements. La situation échappe à tous mais un mouvement de panique commence à s’intensifier car ces revenants pour les uns, « créatures du démon » pour d’autres, inspirent une réelle méfiance sur les vivants.
 
Les grandes questions  : Jusqu’où ce phénomène peut-il s’étendre ? Quand va-t-il s’arrêter ? Quel degré de saturation peut-on prévoir ? Car on prévoit donc l’avenir et on se pose des questions. Quel nombre de revenants va-t-on atteindre ? Ceci inquiète fortement les vivants. Les revenants ne reviennent jamais sur leur lieu où ils ont vécu, c’est l’AIR qui les dirige par la suite. Donc les villes et bourgades n’aurons donc pas seulement à ouvrir leurs portes à ceux qui reviennent d’entre les morts pour regagner leur ancien domicile, mais ouvrir aussi la porte à ceux qui sont égarés et qui n’ont plus de destination.
 
Beaucoup de pression pour les vivants qui ne savent que penser de cette situation. Qu’arrivera-t-il lorsqu’il n’y aura plus d’autre endroit où aller pour eux et que le nombre des morts dépassera le nombre des vivants ?
 
Les vivants sont inquiets. Si bien que certains vivants se sont transformés en groupes de « pseudo-soldats » et ont formé des  groupes de militants pour préparer une « guerre » contre les revenants.
 
Chez Lucille et Harold, la maison reprend vie elle aussi depuis le retour du jeune Jacob. Lucille, malgré son grand âge, joue avec lui, lui fait de bons petits plats, et elle reprend goût à la vie. Harold, malgré sa méfiance sur ce jeune garçon revenant, son fils mort, se prend petit à petit d’affection pour Jacob.
 
Mais bientôt, à Arcadia comme partout dans le monde, on entend des camions qui approchent. Ils apportent le changement. Des camions qui grondent sur l’asphalte, et vers Arcadia ils avancent dans un fracas de tonnerre.  De ces camions descendent des femmes, des hommes, des enfants. A Arcadia, on va réquisitionner l’école. On va y monter des kilomètres de barbelés militaires de plus de 3 mètres de haut. On va y enfermer les revenants et les arracher de nouveau à leur famille. On va les enfermer tous ensemble. Chacun à un lit, de la nourriture, quelques loisirs, mais tous les jours ils sont surveillés par les soldats de l’armée, tous les jours on pose les mêmes questions sur leurs souvenirs et l’au-delà.
 
Partout, tous les jours, il resurgit des nouveaux revenants. Et partout, on construit des cages pour les enfermer. Et les revenants, en effet, vont bientôt être plus nombreux que les morts. La place devient de plus en plus réduite sur la planète. Les camps pour revenants prennent à chaque fois un peu plus de place dans la ville, s’agrandissent et les maisons des vivants sont réquisitionnées. Bientôt plus de lit pour les revenants, ils dorment au sol dehors, plus du tout de loisirs car plus de place.
La nourriture elle aussi se réduit grandement pour nourrir tout le monde. Et la politique en vigueur, depuis peu, consiste simplement à garder les ex-morts sur place, à les « stocker » comme une surproduction. L’AIR ne s’occupe plus de les renvoyer dans leurs lieux de vie d’avant, les revenants sont alors simplement replantés là où le hasard a voulu qu’ils réapparaissent.
 
Les revenants veulent leur liberté. Ils ne comprennent pas pourquoi on les tient enfermés.
Les gouvernements sont impuissants face à ce phénomène qui prend de l’ampleur. La population montre son rejet. Et les personnes qui font face au retour d’un être cher se retrouvent confrontés à une question : savoir si le « revenant » est bien la même personne qu’autrefois.
Que va-t-il se passer pour la famille Hargrave, pour le jeune Jacob. Que va-t-il se passer pour les revenants ? Pour les vivants ? Des émeutes vont-elles avoir lieu ?
Les revenants représentent-ils une menace pour l’humanité ?


Wha, une émotion profonde du début à la fin.
 
Je dis chapeau pour un premier roman. Une histoire qui marque, une intrigue palpitante et on se pose nous-même la question. Que ferait-on face à une telle situation ? 
 
C’est riche en émotion et encore plus lorsqu’on comprend comment a été écrite l’histoire par l’auteur. Je ne vous dirais pas grand-chose à ce sujet mais cette histoire est partie d’une histoire personnelle.
 
Que faire face à une telle situation, comment réagir de la part de la population mais aussi de la part des autorités.  Aucune explication n’est possible sur ce phénomène mais il faut par contre y faire face et l’organiser. La meilleure façon pour l’organiser par contre… est assez difficile à trouver.
 
Celle que l’AIR, ce mouvement monté pour organiser ce phénomène, est par contre radicale et bien sûr elle fait penser immédiatement aux camps de la mort, camps de concentration, et au mouvement nazisme sur le peuple Juif.  C’est bouleversant de revoir entre ces lignes des situations similaires sur ces « revenants ».
 
L’histoire est poignante, elle nous fait réfléchir sur beaucoup de choses. Réfléchir aussi sur ce fait, si nos proches réapparaissaient après leur mort. L’auteur s’est posé cette question et nous fait réfléchir à cette situation.
 
L’intrigue est profonde, tendue parfois, émouvante sur la vie et la mort. Captivante. Tout ce côté questionnement vient se lier à l’histoire de Harold et Lucille Hargrave qui accueille leur fils mort il y a 50 ans. Ils ont alors 70 ans et leur fils mort a toujours, lui, 8 ans.
 
Ce qui est intéressant aussi, c’est que l’auteur a le génie d’insérer dans l’histoire du couple Hargrave et leur fils revenant Jacob, des chapitres sur ce que vivent d’autres revenants. Leurs pensées lorsqu’ils sortent des camions, ou bien lorsqu'ils sont pris par les soldats, sur leur vie d’incarcérés, etc. C’est poignant. Tout se mêle à l’histoire des Hargrave.  
 
Un style magnifique, poétique. C’est très bien écrit. On le ressent dès les premières pages. L'auteur met beaucoup d’émotions dans son style d’écriture.
 
Je trouve la couverture du livre superbe.

 
Comme je vous l’ai dit c’est un premier roman très émouvant.
Il nous fait poser beaucoup de questions sur la vie, la mort.
Mais c’est aussi une belle méditation sur la signification de l’être humain.
C’est à la fois émouvant, déroutant sur un phénomène inexplicable
et terrifiant. Une réflexion sur la conséquence d’un tel phénomène.
Un rappel sur la condition humaine car en effet, ce roman vient
nous rappeler ce qui s’est passé pendant la Seconde Guerre Mondiale.
A lire, à réfléchir, à méditer.


2 commentaires:

Merci de votre passage sur le blog !