vendredi 27 septembre 2019

Feel good






Auteur : Thomas Gunzig

Editeur : Au Diable Vauvert
Collection : Littérature générale
Romans - Rentrée littéraire - Littérature belge - Satire sociale - Misère sociale - Monde littéraire - Rentrée littéraire 2019
Pages : 398
Parution : 22 Août 2019








Synopsis

"Ce qu’on va faire, c’est un braquage. Mais un braquage sans violence, sans arme, sans otage et sans victime. Un braquage tellement adroit que personne ne se rendra compte qu’il y a eu un braquage et si personne ne se rend compte qu’il y a eu un braquage, c’est parce qu’on ne va rien voler. On ne va rien voler, mais on aura quand même pris quelque chose qui ne nous appartenait pas, quelque chose qui va changer notre vie une bonne fois pour toutes." Quel est le rapport entre un écrivain sans gloire, le rapt d’enfant et l’économie de la chaussure ?
Vous le saurez en lisant la nouvelle satire sociale de Thomas Gunzig.

Il y a Alice, mère célibataire, vendeuse en chaussures depuis près de trente ans. Mais les petits marchands de chaussures, à l'heure actuelle, ne font plus autant recette. Alors Alice connaît à 45 ans le chômage et les petits boulots à accomplir pour ne pas perdre ses droits... Un salaire oscillant entre 800 et 1000 Euros par mois, avec lequel il est bien difficile de survivre et d'élever correctement son fils de 7 ans.

Depuis ses 8 ans, Alice comprit de la manière la plus simple et naïve qu'avoir de l'argent était définitivement mieux que de ne pas en avoir. Élevée dans une famille n'ayant pas beaucoup d'argent, Alice a toujours connu les fins de mois difficiles.

Pour son fils Achille, Alice s'est ancré en tête qu'elle ferait tout pour lui, qu'elle voulait que sa vie soit aussi merveilleuse que possible. Elle voulait qu'il soit heureux. Elle voulait pour lui une enfance insouciante, qui serait toujours comme une fête, une enfance à l'abri des épreuves, de l'argent qui manque. Tout ce qu'elle n'a pas eu, car Alice a toujours été, depuis enfant, « tout juste ». Oui, elle s'en voulait de ne pas être plus riche pour Achille. Alors Alice multiplie les intérims, mais aussi les vols dans les magasins pour nourrir son fils. Et malgré cela, l'argent qui avait toujours été une préoccupation devint pour Alice une obsession, et la vie un calcul permanent...

Et puis il y a Tom, écrivain. Depuis son adolescence, il écrit. Adolescent emporté par des tsunamis de rage, de tristesse, d'amertume. C'est à ce moment là qu'il décida d'écrire, pour que les filles fassent attention à lui. Adolescent, il se voyait déjà célèbre. Et quand il serait célèbre, les filles se ficheraient de son physique ingrat. Depuis, il a donc choisi d'écrire. Ses romans sont publiés en petits nombres, toujours chez le même éditeur. Et tout comme des écrivains ultra médiatisés qu'il a déjà croisés ici et là, lui aussi a passé des heures interminables à creuser le sillon de l'écriture, à choisir avec soin les tournures de phrases adéquates, à élaborer des personnages, des intrigues... A présent, Tom a près de 50 ans, et la notoriété n'est pas celle qu'il aurait souhaité et ses droits d'auteur ne lui permettent pas de vivre décemment. Il a l'impression que le monde a décidé de continuer son chemin sans lui, et il se sent dépassé par l'arrivée d'internet, des réseaux sociaux, et puis de ces nouveaux auteurs de 20 ans plein de fougue et d'envie. 

Alors le jour où le chemin d'Alice croise celui de Tom, il se pourrait qu'une idée commune germe dans leurs têtes, une idée qui pourrait leur rapporter de l'argent...celui qui leur manque tant... une idée façon feel-good...
Gros coup de coeur pour ce roman !!!


Un roman coup de poing qui restera ancré dans ma mémoire tellement j'ai aimé cette lecture.

Toucher le fond, les personnages de ce roman connaisse bien et l'auteur, Thomas Gunzig en parle superbement ! Un roman où humour noir et fatalisme côtoient rage de vivre et espoir sans faille, et le choix du titre, Feel-Good, est parfait !

Dès les premiers instants lecture, on entre dans la peau des personnages, on ressent l'angoisse, la peur, de manquer d'argent, de ne pas pouvoir offrir une vie meilleure à son enfant, et tout simplement de ne plus pouvoir survivre. L'auteur a un style particulier, à lui, pour nous faire ressentir tant d'émotions qui vous prennent à la gorge, qui vous font serrer le cœur et les tripes. Mais malgré cette peur et cette angoisse de ne plus pouvoir y arriver et d'être, on peut le dire, dans une misère sans fin, on ressent toute la rage de vivre de nos deux personnages Alice et Tom.

Thomas Gunzig croque parfaitement le portrait d'une employée lambda, ni riche ni pauvre, allant vers la cinquantaine, et qui, en perdant son emploi va alors connaître une misère saisissante.
Oui, on se met dans la peau du personnage, car cette situation peut arriver à chacun d'entre nous et on ne reste pas insensible à cette situation, surtout lorsque l'auteur choisi les mots parfaits. L'angoisse que peut provoquer le manque d'argent, et surtout ce que l'on peut être amené à faire pour subvenir à ses besoins et à celui de ses enfants, l'auteur nous le fait ressentir avec une grande émotion. Serions nous prêt à tout pour vivre lorsque la misère se fait ressentir ? 
L'auteur arrive à nous faire poser beaucoup de questions sur la situation. C'est très intéressant d'autant plus. Garde t-on une morale dans ce genre de cas ? Y a-t-il des situations que l'on se refuse à faire pour subvenir aux besoins de son enfant ? C'est très poignant, sans pour autant être en présence d'une lecture pleine de noirceur et là est toute l'intelligence de l'auteur. Thomas Gunzig aborde avec beaucoup de justesse le reflet d'une société présente à chaque instant mais que l'on voudrait cacher et ignorer. Mais cette misère sociale est bien présente, et on la côtoie quotidiennement alors ne fermons pas les yeux.

Et puis l'auteur a eu envie également de croiser son roman avec celui du roman en lui-même. C'est fait avec beaucoup d'intelligence, d'exactitude. Il décrit un portrait édifiant du monde littéraire actuel, et c'est fait avec humour et authenticité. Pour cela, il a créé le personnage de Tom, qui, on le devine, lui ressemble un peu. 
Tom, écrivain ni célèbre, ni inconnu du public, toujours auprès de la même maison d'édition depuis ses débuts. Un écrivain qui vend tout juste, pour pouvoir finir le mois « tout juste » aussi. Un écrivain qui prend du temps pour écrire ses livres, qui prend du temps pour faire le tour des librairies ou des salons littéraires, qui s'engage pour des invitations ça et là... mais qui reste « tout juste », jamais célèbre comme ces auteurs croisés ça et là. Un auteur qui n'a pas obtenu la notoriété souhaitée. Alors, lorsque l'auteur arrive à près de la cinquantaine et qu'il se rend compte que ses livres n'ont jamais vraiment marché... le questionnement est alors présent et ne le quitte plus. Vient le manque d'argent... et vient la question fatidique...manque de talent, pour ne jamais avoir réussi à percer autant que ses collègues ?

Comment faire un livre qui marche ? Comment l'auteur de 50 ans peut-il percer parmi tous les jeunes auteurs qui arrivent sur le marché a à peine 20 ans, et comment rivaliser lorsqu'on est un peu largué de tous ces réseaux sociaux, Facebook, Instagram, etc, car tout se fait là désormais... avec des bookstagrammeurs, bloggeurs, etc, mais aussi avec de nouveaux phénomènes littéraires qui percent depuis quelques temps.
Là aussi, Thomas Gunzig a les mots justes pour parler de ce thème qui est très parlant pour nous lecteur et encore plus pour nous bookstagrammeurs, bloggueurs, etc. C'est tellement vrai, tellement fort. Des mots qui frappent et qui portent une réflexion sur le métier d'écrivain. Pas si facile qu'on le croit !!

Et pour conclure, Thomas Gunzig nous a concocté une intrigue des plus jouissives avec une petite touche rocambolesque avec, vous l'aurez compris, des personnages profonds, empli d'une rage de vivre intense pour se relever, et très attachants.

Le style de l'auteur est remarquable, gros gros coup de cœur pour le style de Thomas Gunzig. Je ne vais pas trouver les mots légitimes pour vous exprimer correctement mon ressenti sur ce sujet, mais j'ai adoré son style sur bien des points. Il a une façon particulière, à lui, de nous faire ressentir les émotions, qu'elles vous fassent sourire ou qu'elles vous prennent aux tripes. J'aime quand l'auteur, pour intensifier la situation vécue d'un personnage, nous cite une pléiade de faits de quasi une page (exemple : sur une page entière, citer des prix d'articles nécessaires à la vie d'Alice et son fil pour survivre dans son quotidien, prix des petits pots, paquet de pâtes, etc). Utiliser le listage de faits, d'actions, nous faire ressentir toute l'ampleur de la situation vécue par le personnage. 

J'espère que mes mots sont assez fort pour vous faire ressentir tout ce que j'ai aimé dans ce roman car j'ai toujours beaucoup de mal à écrire mes chroniques lorsqu'il s'agit, comme ici, de gros coups de cœur. J'ai découvert grâce à ce roman tout le talent de Thomas Gunzig, la justesse et la profondeur de ses mots. Un roman qui restera dans ma mémoire, je peux vous l'assurer, et c'est mon gros coup de coeur de la Rentrée littéraire 2019 et très certainement de mes lectures de l'année 2019.

Ne passez pas à côté de cette pépite !!
Et on ne pouvait pas trouver meilleur titre !!

4 commentaires:

  1. Ah ben dis donc... je ne connaissais pas du tout

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  2. Je ne connaissais absolument pas mais ton avis donne envie d'en découvrir plus :)

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  3. Pas un coup de coeur pour moi, mais une lecture passionnante.

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Merci de votre passage sur le blog !